lundi 28 janvier 2008, par
Pépites de soleil
C’est une caractéristique des premiers albums des groupes à tendance plus pop. Beaucoup de titres se sont retrouvés comme produit d’appel sur des EP, alors, pour le passage au long (obligatoire pour avoir une visibilité médiatique digne de ce nom), on garde le plus catchy plus quelques morceaux plus récents. Mais le problème que rencontrent les groupes pratiquant un style ‘à singles’ (citons pêle-mêle Spinto Band, The Chalets, Malibu Stacy ou toute la tripotée de groupes anglais sautillants), c’est que les albums sont souvent (il y a des exceptions) très inégaux. Ce n’est pas le cas ici et peut conférer seul le statut de bon album.
Ce raisonnement est une tentative d’explication de la densité en morceaux emballants sur ce premier album qu’on voit venir depuis au moins six mois. C’est qu’à l’heure d’Internet, les albums prometteurs peuvent s’anticiper. Un animateur influent au goût sur (John Edwards de KEXP), quelques clips en roue libre, un public étudiant fidèle, une reprise incandescente suffisent (Exit Music de Radiohead), la rapidité de communication de la toile faisant le reste. On a vu ça pour les Arctic Monkeys, Clap Your Hands Say Yeah et autres Kate Nash et l’histoire récente repasse les plats, l’effet étant encore attisé par ceux qui n’aiment pas rater les trains des hype. Mais contrairement aux surestimées baudruches gonflées aux largués Inrockuptibles (Justice, Yelle), les exemples cités et celui-ci regorgent de choses délectables.
Ce qui fait l’épice de Vampire Weekend, ce sont ces percussions qui viennent relever les morceaux, déjà bien fichus mais qui prennent alors une dimension supplémentaire. Dès le premier Mansard Roof, on pige leur style, avec la mise en place de tout ce qui va suivre. On passera d’un genre de post-punk au club méd voire de proto-Police (A-Punk). Bien entendu, seul le côté ensoleillé de certains morceaux est à remarquer (Oxford Comma). C’est juste un morceau de transition comme il y en a finalement peu. On ne manquera pas de remarquer non plus des emprunts à une certaine forme de musique africaine. C’est sautillant en diable, sans prétention aucune, d’une fraicheur certaine et emballé dans un format court qui permet de ne jamais lasser. Mais cette bande de garçons propres sur eux peut aussi réussir un morceau avec une touche de violon synthétique (M79). De toute façon, aucun titre n’est indigne du reste et c’est la marque d’un talent et d’une lucidité réjouissants. Reste à choisir les singles logiquement et le succès leur est promis.
Il y a évidemment des moments de bravoure, connus parfois (Mansard Roof, Walcott, Cape Cod Kwassa Kwassa) mais aussi relevant de la très bonne surprise. I Stand Corrected prend déjà son ticket pour les meilleures chansons de l’année. Un chant placide, un ton gentiment mélancolique et une rythmique irrésistible font de ce petit morceau la tête de gondole idéale, que j’ai du écouter plus de fois que je n’ai de doigts au moment où j’écris. Surtout que Walcott est asséné dans la foulée, enchainement brillant s’il en est. Le temps de reprendre ses esprits sur le reggae-esque The Kids Don’t Stand A Chance et il est temps de refermer ce court album.
Vampire Weekend se concentre sur ses forces, déclinant son style dans des variations. Pas de tentative expérimentale ici, pas de vague d’émotion supérieure à prévoir, mais il va de soi qu’un album plus léger est toujours bienvenu. Il faut qu’il soit enthousiasmant et s’écouter en toutes circonstances. Grâce à quelques morceaux vraiment brillants et d’autres ne déparant pas l’ensemble, ce premier opus éponyme est promis à de hautes rotations.
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