Accueil > Critiques > 2007

Vitalic - V Live

mardi 25 septembre 2007, par marc

La danse est un sport de combat


Il est curieux d’écouter un live officiel tiré d’un concert qu’on a loupé (en octobre 2006). J’ai sans doute encore les messages que des copains enthousiastes m’ont envoyés de cette Ancienne Belgique. Il faut dire que quand c’est LCD Soundsystem qui sert de rampe de lancement, ça peut décoller sévère. Pourquoi cette date-là ? Sans doute qu’il en avait les meilleurs rushes, et qu’il voulait présenter un concert dans son intégralité, sans retouche ultérieure, pour en capter l’énergie brute. De plus, le public est spécialement réceptif, chauffé à blanc même, réagit au quart de tour dès que ça envoie un peu plus. Voire reprend même en hurlant certaines mélodies (No Fun). Fred a raison, on devrait décerner à certains planchers le statut de « Vitalicproof » et celui de l’AB a visiblement tenu le choc.

Il faut bien le dire, l’album n’est pas le format dans lequel la musique électronique à tendance sudoripare s’exprime le mieux. Il n’y a qu’à évoquer les semi-échecs de ceux de Justice (trois quarts échec même) et Digitalism pour s’en convaincre. Il y a fort heureusement plusieurs exceptions. OK Cowboy est de celles-là. Composée de beaucoup d’éléments connus des puristes mais ignorés de la masse inculte (à laquelle je vais m’associer sur ce coup-là), il avait posé le discret Vitalic sur le socle de référence de ce monde post-Daft Punk (référence souvent transparente et d’ailleurs revendiquée). Les enregistrements publics ne sont pas non plus très courants. Par exemple, celui d’Underworld était une célébration de leur discographie à leur apogée, constituée de versions qui dispensent presque de se plonger dans les albums studio. La démarche est différente ici puisqu’il comporte huit inédits. C’est que la structure d’un set électro se doit de comporter son lot de moments plus calmes (c’est très relatif dans ce cas) et de montées, si possibles anticipées et qui déchargent brutalement l’adrénaline. Ce qui n’est pas exactement la structure qu’on attend d’un album composé de morceaux distincts.

On retrouve sans trop de surprise la capacité de Vitalic à survolter un dancefloor, sa facilité à rendre n’importe quoi bombastique (les ajouts au fameux Valetta Fanfares) et un son immédiatement identifiable, restant mélodique malgré la dureté du beat. Parmi les inédits, Anatoles est peut-être un de ses morceaux les plus saignants. Un peu rudimentaire peut-être pour être fixé en studio, il est moins usé pour nous que certains morceaux certes très enthousiasmants mais qu’on connait depuis belle lurette via les sets de 2 Many dj’s (As Heard On Radio Soulwax) ou Miss Kittin (On The Road) comme LA Rock 01. Bells aussi est à compter parmi les passages qu’on pourra isoler, même si c’est en tant que tout qu’un concert se présente.

Evidemment, ça dépote, ça envoie, ça bastonne à qui mieux mieux, ça gicle de partout, c’est sudoripare comme personne, ça génère des claquages si on n’est pas chaud, c’est souvent subtil comme la politique extérieure de l’administration Bush, c’est léger comme une double mitraillette sauce samouraï, c’est bruyant comme un avion de ligne au décollage mais c’est aussi pour ça qu’on l’écoute. Car il est de la techno comme du rock ‘n roll et de la cuisine, parfois il le faut parfois un peu trop gras, trop caricatural pour qu’on puisse en jouir pleinement. Et puis ce qu’on demande à la musique dance, c’est l’euphorie. Et là, on peut dire qu’on est servis. Il faut d’ailleurs voir les rares moments plus calmes comme des chances de récupérer (qui a dit ‘d’aller au bar’ ?). Froidement écoutées individuellement, certaines plages ne tiennent pas tellement la route mais c’est fondues parmi d’autres qu’elles prennent leur intérêt.

Ecouter le tout, religieusement au casque n’a d’ailleurs pas beaucoup de sens. C’est que ce n’est pas la vocation de cette musique. Quel intérêt dès lors de sortir un live ? Sans doute pour témoigner de l’énergie de ses prestations et présenter dans ces conditions beaucoup de morceaux ne figurant pas sur OK Cowboy. De plus, comme il n’est pas exactement le compositeur le plus prolifique du moment, il faut peut-être considérer ceci comme un demi nouvel album. Est-ce que ce live a sa place au panthéon de la musique électronique ? Sans doute pas mais dans sa mission de documentation de ce qu’est un live du bonhomme et pour les moments de pure énergie brute, il présente un intérêt indéniable.

Voilà, c’est fini, il faut maintenant absorber une grande quantité d’eau et une pastille de sel pour compenser, recompter ses lombaires, changer de chaussettes. Et puis aller dormir aussi peut-être.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

3 Messages

  • Vitalic - V Live 25 septembre 2007 14:32, par Paulo

    Daft Punk avait tardivement sorti un album live de leur belle époque. Trop tardivement peut-être car il est tombé un peu à contre-pied dans leur carrière à un moment où ils ne faisaient plus de live et où ils étaient critiqués pour leurs derniers travaux. De plus cet album était constitué d’une seule piste ce qui faisait un peu foutage de gueule. Néanmoins si on n’était pas pressé, il y avait moyen de retrouver les "plus" grands moments : Rock’n Roll, rollin & scratchin etc...

    Voir en ligne : Daft Punk Alive 1997-Rollin’ & scratchin’

    repondre message

  • Vitalic - V Live 1er mars 2009 02:24

    Chouette article :)

    repondre message

  • La Démesure du Pas – Migratory Music

    Si le hasard ou l’habitude vous guident vers ces colonnes, c’est qu’une certaine curiosité musicale vous titille. Partant de ce postulat, on se permet souvent de plonger dans des pans plus aventureux de la musique, quitte à s’y perdre parfois. Cet album parait sur Ormo records qui nous avait déjà gratifié d’œuvres comme Alan Regardin ou No Tongues, défricheurs de possibles (ref belge) (…)

  • Bear of Bombay - PsychoDreamElectroGaze

    Lire une étiquette est une règle de bonne pratique avant d’ingurgiter quelque chose. Le nom de l’album du Milanais Lorenzo Parisini qui officie sous le nom de Bear of Bombay ne laisse planer que peu de doute quant à son contenu et on l’avale d’un coup d’un seul en parfaite connaissance de cause.
    PsychoDreamElectroGaze donc... Tout est là, avec une densité certaine de Tears From Space, qui (…)

  • Bruno Green - The Mellotone project vol.1 : Apostate

    Instrumentale d’obédience un peu électronique, la musique de Bruno Green a un certain pouvoir de séduction. Tout comme Frank Marchal dans un passé récent et un genre pas trop éloigné, le Français établi au Canada depuis 17 ans peut se targuer d’une expérience certaine. Citons par exemple l’enregistrement, le mixage et la réalisation des deuxième et troisième albums de Miossec, des albums de (…)

  • Franck Marchal - Maelström Metronomy

    Si les références historiques de la musique synthétique de Franck Marchal sont à aller chercher du côté de John Carpenter, on signale aussi les relectures modernes et enthousiasmantes de Magnetic Rust ou Odyssée.
    Les cordes ne sont pas l’ingrédient privilégie ici, mais le résultat n’est pas sans rappeler des choses comme Ô Lake. Son expérience en tant qu’auteur de musique de film n’est sans (…)