lundi 13 septembre 2010, par
Killers au carré divisé par Killers = Killers
Certaines gens crédules, à cause d’un a priori tenace, pensent encore que Pink Floyd veut dire « flamant rose ». On les renverra ici. Non, on sait bien que « flamant » se traduit internationalement par « flamingo », en particulier lorsqu’on leur rend régulièrement visite dans les zoos… flamands. Ainsi, chaque fois que j’emmène la famille au parc animalier de Planckendael, je suis toujours singulièrement interdit en arrivant devant le bassin des « Chilean flamingos » (nom scientifique : phoenicopterus chilensis) et ce pour une raison bien légitime : les flamants, ça pue. C’est infernal, vraiment, ce fumet saumâtre qui se dégage de l’enclos et qu’exhale une espèce volatile au plumage pourtant si accort.
Du coup, Brandon Flowers n’a pas forcément mal choisi le titre de son album, recueil un peu vain de fausses épopées rose bonbon et aux relents nauséabonds de soupe variétoche. Certes, beaucoup n’attendent pas davantage d’un disque solo du chanteur des Killers, groupe au succès suspect et au propos rarement subtil. Pourtant, il arrive que les Killers tuent vraiment. Derrière l’aspect risible, leurs prétentions de U2 du pauvre avaient par moments de la gueule. Ils ont vite basculé dans un côté foire aux lampions un peu trop allégé en ironie, mais on y trouvait parfois du souffle. Disons que c’était plus louable que les fantaisies camp d’Of Montreal ou Empire of the Sun.
La bande à Flowers, elle, n’a sans doute jamais conscience de sa puissance grotesque. Ces gens sont de Las Vegas ; les costumes à paillettes, c’est comme une seconde peau pour eux. Et contrairement aux membres de Radiohead, spécialistes du contre-emploi, un chanteur des Killers qui joue sans les Killers, ça reste du Killers. En moins bien. Parce que la seule chose qu’on tue en écoutant “Flamingo”, c’est le temps. Enfin... on le perd, surtout.
Welcome to Las Vegas annonce d’emblée la couleur : fluorescente. Flowers allume grand les néons de son barnum et retrouve ses penchants pour la pop grandiloquente (Jilted Lovers & Broken Hearts, l’insoutenable Magdalena) avec des ambitions panoramiques susceptibles d’épouser l’univers visuel poudre aux yeux d’un Luc Besson. Car oui, on n’est pas loin de penser à l’esbroufe des grands maîtres du divertissement creux. Playing With Fire est le parangon de cette dérive racoleuse : mieux partie que ses congénères, la longue chanson est ruinée à son mitan par un chœur lèche-bottes à peine digne de Tokio Hotel, comme un bon film contemplatif des frères Coen gâché par une scène d’action gratuite signée Michael Bay.
Après ça, même les synthés craignos de Was It Something I Said ? apparaissent comme une rafraîchissante bouffée de second degré. Tout ça n’excuse ni les fautes de goût d’Only the Young (au choix : falsetto ridicule ou touche électro jurassique), ni ce duo avec Jenny Lewis (Hard Enough) rodé pour les FM grabataires. Et encore faut-il tenir jusqu’au miracle du disque : lorsque, en plage 8 (Crossfire), Flowers ressuscite l’esprit de Nik Kershaw. Ah, il n’est pas mort ? Pas grave, le Killer poursuit ses aspirations spirites chez le King : On the Floor, ou comment réhabiliter Elvis dans sa période Vegas, celle où il pratiquait un régime différencié à base de doubles hamburgers. On ne sait pas si c’est la sueur ou l’huile de cuisson, mais ça suinte et c’est gras.
Alors, faut-il lui enfoncer un pieu dans le cœur ou compter sur ce Swallow It de clôture, encourageante incursion sur le terrain burlesque, pour promettre un avenir plus nuancé à Monsieur Fleurs ? Disons que deux morceaux potables sur dix – on s’épargnera l’écoute des quatre plages bonus de l’édition limitée, charité bien ordonnée commençant où l’on sait – voilà qui constitue une statistique peu engageante. Et si vous n’avez rien de mieux à faire de votre temps, allez plutôt voir de vrais flamants à Planckendael. Ça ne sent pas bon, mais c’est joli.
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