mardi 21 septembre 2010, par

Entre chic et toc
Vous savez ce que c’est, le mois de septembre. Les nouvelles sorties intéressantes ne sont pas rares et en plus, on se retrouve parfois perdu dans la pléthore de jolis disques sortis au cœur de l’été et qu’on n’a pas eu l’occasion de chroniquer, vacances obligent. Du coup, on hésite parfois longuement entre la critique d’une sortie fraîche qui fait parler d’elle ou une séance de rattrapage moins évidente. Et vu que c’est aussi directement tributaire de ce qu’on a envie d’écouter sur le moment, les choix se font au gré de l’humeur.
La chanson française n’a pas tant connu d’honneurs cette année, mais il faut dire que peu de grands artistes se sont manifestés dans la langue de Vaugelas. Et puis, dans un genre sclérosé par son propre schématisme, ne sortent habituellement du lot que les auteurs plus pointus ou les arrangeurs moins figés. Artiste exigeante et fondamentalement conceptuelle, Claire Diterzi a montré, sur ses deux albums précédents, une propension à déjouer les carcans et à expérimenter, sur un terreau convenu, des variations inattendues.
Le résultat s’est toujours caractérisé par une certaine froideur, un côté déshumanisé paradoxalement associé à la teneur charnelle du propos. Dommage collatéral : la musique de Claire Diterzi n’a jamais fait l’unanimité – et tant mieux. Demi-déesse post-moderne ou fausse intello populiste, façon Zazie 2.1 ? On se perd en conjectures en abordant cette discographie qui a le cul entre deux chaises, et ça fait peut-être aussi partie de son charme.
Ainsi, en guise de troisième album, Diterzi livre la bande-son d’un spectacle mis en scène au printemps dernier et consacré à la révolutionnaire communiste Rosa Luxemburg (1871-1919). La guitare-MP en bandoulière mais habillée en Gaultier, la chanteuse entretient ses contradictions et construit son image entre chic et toc. Le contenu est à l’avenant.
Après 5 minutes de field recordings qui la présentent en bidouilleuse crédible, Diterzi attaque le consumérisme musical par l’absurde : « Non non non non, je ne veux pas rentrer dans le monde, je ne veux pas rentrer dans le rang », chante-t-elle sur un mélange pour le moins intrigant de mélopée baroque et de r’n’b synthétique. On est donc rapidement déconcerté, même si l’on reconnaît comme une marque de fabrique cette utilisation des chœurs démultipliés qui sonnent à la fois comme l’expression d’une voix unique et sa confusion dans l’anonymat.
Plus condensée malgré ses nombreuses fioritures, la chanson titulaire se révèle plus efficace au rayon tube avant-gardiste. On ne trouvera du reste, sur le disque, nulle autre tentative pseudo commerciale. En mode vocal délirant, la Franco-Italienne chatouillera aussi bien la polyphonie-borborygme de Camille (À Cor et à Cri), la sifflade morriconienne titubante (Casta Diva) ou la valse d’opérette en duo avec Lambert Wilson (Aux Marches du Palais). Si elle visait le succès populaire, ça se serait vu.
Nonobstant, elle sait se faire aussi persuasive dans le registre sérieux, entre belles ballades ciselées (Ce Que J’ai Sur le Cœur Je l’Ai Sur les Lèvres, L’Arme à Gauche) et spoken word machinal (Cellule 45). Ici, Diterzi distille la correspondance de son héroïne allemande sur fond de geôles qui claquent et cette lente montée en puissance, ponctuée par une signature glaciale, ressemble à l’idée qu’on se fait d’une chanson française alternative.
Si, une fois de plus, Claire Diterzi passe par bien d’autres états en l’espace de trois petits quarts d’heure, c’est qu’elle ne saurait cantonner sa musique à la déclinaison d’un style uniforme. Cependant, sans sombrer (encore) dans l’auto-caricature, force est de constater qu’elle s’est forgé un univers très personnel. Excessif, souvent propice à la perplexité, ce monde-là peut ravir ou agacer et c’est peut-être, ici aussi, une question d’humeur. Sans avoir vraiment choisi son camp, on saura tout du moins goûter à la saveur de la différence.
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