vendredi 13 avril 2018, par
Après avoir parlé de 7 albums en 11 ans, il pourrait être tentant de penser qu’on a compris Kevin Barnes et où il voulait aller, qu’on est tombé dans une rassurante habitude. Si les sorties du groupe ne suscitent pas toujours une attente fiévreuse, on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise, d’une tangente prise sans crier gare. On a cru même pouvoir discerner une patte à la… Bob Dylan sur l’excellent Lousy With Sylvanbriar.
Les intentions étaient claires, l’orientation de cet album était la synth-wave des années ’80, style qui lui va forcément bien. On note donc un retour à une forme moins organique et une certaine lourdeur. L’album contient six titres seulement, kilométriques et doubles dans leur formulation. On ne se refait pas, le minimalisme n’a jamais été une marque de fabrique du projet d’Athens (en Géorgie, pas en Grèce…).
Evidemment, on peut compter sur quelques brusques revirements, c’est une des marques de fabrique, faire ressembler certains morceaux, voire albums, à de gigantesques medleys. On note plein d’allant pop en surface pour le bondissant Paranoiac Intervals/Body Dysmorphia qui comporte aussi quelques chouettes allusions à des endroits de Seattle. Sa nouvelle forme peut s’incarner sur le plus abstrait Plateau Phase/No Careerism No Corruption, avec une trame plus compliquée à suivre mais aussi se faire plus mélancolique sur Writing The Circles/Orgone Tropics, un tout petit peu pesant avec une voix féminine. On apprécie aussi particulièrement l’intensification musicale sur If You Talk To Symbol/Hostility Voyeur.
Les sons de synthés qui s’inscrivent dans un revival maintenant vieux de 15 ans et qui s’épanouit même dans les séries télé (Stranger Things, ce genre) mais on peut compter sur Kevin Barnes pour en faire quelque chose de toujours personnel, assez dense et qui a le mérite de ne pas semer l’auditeur en route. Rien que ça en fait une bonne cuvée d’Of Montreal.
Depuis eux albums, Cross Record est le projet solo d’Emily Cross. Chanteuse de Loma, elle agit aussi en tant que ‘Death Doula’, autrement dit en assistant des fins de vie. Elle a aussi quitté son Texas pour le Dorset et est devenue mère, ce qui ne doit pas être un mince ajustement. Donc quand on décèle que c’est une chanteuse habitée, tout ce substrat prend son sens, prend chair même. (…)
Comme un Perfume Genius qui a émergé à la même époque, Trevor Powers est passé de petit génie de la bedroom pop intime à singer/songwriter aux possibilités pas encore complétement cernées. Le point de départ de cet album est la découverte d’anciennes vidéos de son enfance retrouvées dans la cave de ses parents. C’est pourquoi on entend beaucoup d’extraits de vidéos, de conversations. (…)
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On a déjà avancé l’idée que The National serait le plus grand groupe de rock du monde. Ou alors pas loin. Mais sans doute par défaut. Il faut dire que leur succès est arrivé sur le tard et presque malgré eux. Ils peuvent se targuer d’une impressionnante discographie. Et puis il y a cette sensation que les albums s’enchainent sans que leur statut n’impose leur contenu. Ils arrivent à avoir des (…)