vendredi 25 septembre 2020, par
J’avais décroché d’une chanson d’Eté ‘67 en entendant dans le Quartier de la Gare “Des hommes dorment sous des cartons\Pendant que d’autres pensent à leur pognon”. Cette phrase est juste, pertinente et d’une manière inattaquable, mais elle n’a pas la charge qu’on attend d’une oeuvre artistique. Plusieurs années plus tard, on m’envoie le clip de Parrot de Nicolas Michaux (issu de la formation liégeoise) pour me donner envie d’en savoir plus. Et là, la conjonction d’une musique sautillante et millimétrée, le ton acide sans être cynique, le clip qui galvanise, tout s’emboite parfaitement. Si on dit qu’on n’a qu’une chance de faire une bonne première impression, il faut toujours laisser le temps de la maturation de la réflexion et de l’application des concepts.
Il a fait du chemin il faut dire, s’exilant en partie sur une île danoise et en étant membre du collectif Capitane Records qui nous avait déjà bien fait plaisir avec Under The Reefs Orchestra. Donc voilà, ce que propose maintenant Nicolas Michaux est bien différent. Ceci est son second album, le premier n’est pas passé dans nos radars. Et c’est dommage tant on s’est sentis à l’aise avec cette pop d’ambiance psychédélique, d’une langueur prenante. Il peut passer d’une langue à l’autre sans changer son style et c’est réussi dans les deux cas, performance assez rare (il ne mélange pas les langues sur les morceaux et ça aussi c’est une fort bonne idée). Le ton de la voix réussit le mélange de distance et d’intimité et il ne la pousse pas en avant. Donc on adhère assez vite et on ne le lâche plus.
Cette légèreté semble facile mais on sait qu’il n’en est rien, l’équilibre est compliqué à trouver et chaque auditeur peut suivre l’artiste ou pas. Dans le genre, on adhère plus vite qu’au second album de The Feather paru plus tôt dans l’année. La relative froideur plait aussi, proposant un agréable contrepoint.
The Parrot est un peu différent, avec son clip mais il s’enchasse parfaitement dans les reste. Parce que si le morceau est plus vif, le son reste le même. Si le propos est un peu politique, c’est de façon évasive et le traitement est peut-être plus proche de ce qu’en ferait Vampire Weekend que ce qu’on a entendu récemment chez les sombres I LIKE TRAINS.
Listen to the words the parrots says and try to repeat.
Ce n’est donc pas un album vindicatif, et les chansons de spleen et de rupture qui sont très à leur place. Son style accepte parfaitement de monter le tempo d’un cran (Factory Town). Amour Colère est un album qui s’apprécie dans doute mieux en étant dégusté d’une traite, avec toutes les nuances de traitement. Et si certains thèmes ne fleurent pas bon le bonheur (le cancer par exemple), le ton, le rythme et l’absence totale de pathos rendent l’exercice intéressant. Equilibre parfait on vous disait.
Quand on ne trouve pas d’équivalent à un artiste, on prend toujours ça comme un bon signe. Sans chercher l’originalité à tout prix, Nicolas Michaux a un univers cohérent qui s’incarne dans cet album faussement froid qui met l’auditeur à l’aise, auditeur qui devient vite compagnon.
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