mardi 2 novembre 2021, par
Et si plaire à des auditeurs pas amateurs d’un genre était une des plus grandes performances d’un groupe. Du point de vue de quelqu’un que la simple évocation de Steely Dan ou Phoenix plonge dans un sommeil profond, il y a énormément à aimer sur le second EP du groupe bruxellois. On met en avant leur spécificité belge mais fierté nationale mise à part, on a du mal à la percevoir. Mais ce n’est qu’une question de positionnement marketing qui n’oblitère en rien le plaisir d’écoute.
On trouve ici un air de spleen généralisé typique de cette pop à guitares travaillées. Le combat pour la vitesse bien aidé par des sons bien denses sur Sunny Ghost City. Ce sont ces moments-là qui séduisent le plus et nous ont fait revenir encore et toujours vers ces 5 titres. Mais le plus éthéré True Detective fonctionne parce que ces harmonies vocales sont bien intégrées. Pareil pour le solo de guitare de Bitcoin Billionaire à la langueur impeccable.
Mission accomplie donc pour cet EP qui donne envie d’en savoir beaucoup plus tant la maitrise et la personnalité sont patentes ici.
Le souvenir qu’on avait gardé de Tim Linghaus, c’est un album léger et aventureux à la fois, dont le souvenir vaporeux ne s’est pas estompé. On le retrouve un an après avec un album qui fait la part belle à un piano souvent seul. C’est une sortie de Schole Records, le label d’Akira Kosemura, référence en la matière s’il en est.
Il déclare ici vouloir fixer un moment, donner une forme définitive à une sensation qui sans ça s’évaporerait. On retrouve en effet cette sensation de légèreté qui rend cet album très fluide. Mais il y a aussi des apports extérieurs, des cordes synthétiques, voire carrément des sons de synthétiseur sur Repetitive School Daydream Sequence.
Forcément plus convenu que son album précédent, l’exercice piano solo est réussi haut la main par Tim Linghaus qui se profile comme un sculpteur d’ambiances de premier plan, gardant luminosité et une part de mystère.
Des guitares qui crachent d’emblée avant qu’une rythmique impitoyable n’embraie, voilà une façon d’entamer un EP qui tranche avec le quotidien de ce site. Mais on ne peut que saluer la vivifiante sensation du groupe arlonnais.
Si le chant éructe, le ton fait plus référence aux riches heures du post-punk qu’à la vague alternative des nineties. Et puis ils ont aussi un versant parfois plus accessible (Election Day) mais ne tombant jamais dans le honni punk californien. Au contraire, ils ajoutent une lourdeur qui leur va bien au teint, ménageant de belles séquences plus denses.
Quatre morceaux, c’est un peu le dosage idéal pour le profane qui aime à s’encanailler et ce profane a pris un grand plaisir qu’il veut partager avec vous.