Accueil > Critiques > 2013

Aidan - Le Grand Discours

jeudi 5 décembre 2013, par marc

Un goût de voyage


C’est un fait, les noms compliqués ne s’oublient pas plus vite que les autres. Au contraire même. Donc je me souvenais avoir vu Aidan and the Italian Weather Ladies en première partie de Get Well Soon et d’avoir eu un sentiment mélangé à l’époque, mais quand le hasard a remis le groupe sur ma route, j’ai plongé sur l’occasion.

Difficile pourtant de vraiment cerner cet album. Sorti en 2012 et qui fait maintenant parler de lui. Lyrique sans être héroïque, ample sans être ampoulée, la musique d’Aidan est bien plus facile à écouter qu’à commenter.

Un Irlandais basé en Belgique ? Ne fuyez pas, je ne parle pas de Perry Rose. De notre riant pays il a noté quelques incrustations sonores et quelques détails qui rappellent la SNCB. « C’est déjà un goût de voyage » disait un vieux slogan de cette compagnie. « Le train, c’est déjà ça » renchérit l’amusant tag de la gare de Namur.

La mélodie du premier morceau et le ton détaché fait penser à Jeff Buckley, même si la voix est radicalement différente. Mais on peut dire que c’est la même élégance qui est visée. C’est ample, parfois échevelé dans le délire maitrise (For The Love Of The Lord), ou sent bon le patchouli quand les chœurs et la flûte s’en mêlent (Nunca Mais). Ces balades en altitude (Someone Else’s problem) marchent pas mal non plus, maintenant le rythme et le niveau. Mais il n’a pas besoin de tout ça à tous les coups, That Night prouve qu’avec une seule guitare il s’en sort très bien.

Ne vous laissez pas tromper par le titre d’album en français, ce sera la seule incursion dans notre langue à part Rue De Charlotte, où il se lance dans une envolée qu’on n’a pas l’habitude de croiser chez nous. On songe parfois à ce compatriote qu’est Conor O’Brien de Villagers (dont ils ont assuré des premières parties, c’est bien fait tout de même), surtout quand une pulsation soutient Bells of The Morning. On quitte donc les ambiances ensoleillées pour quelque chose de plus compact. La voix expressive apportant un intéressant contrepoint à ce morceau plus électrique.

Comme souvent pour les premiers albums, ça tire dans plusieurs directions, mais on sent tout de même qu’il y a si pas un fil conducteur, à tout le moins une personnalité qui se dégage, une façon bien à lui de balayer le spectre qui va de l’intime à l’ample. Ce premier opus en appelle donc un autre, plein d’autres.

http://www.floatinghome.org/releases/

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Benni – Bleeding Colours (EP)

    Le circuit court est un principe vertueux qui doit s’appliquer à la musique aussi. Ceci a beau être un premier EP, quatre morceaux étant sortis déjà, la surprise est un peu éventée et l’attente attisée. On attendait cette première publication d’importance pour faire un premier point et il est éminemment positif.
    Dans la lignée d’une Phoebe Bridgers qui se confirme comme la figure tutélaire (…)

  • Iliona - What If I Break Up With You

    Dans les tests automobiles, tous les articles sortent en même temps et décrivent la même prise en main du véhicule conduit en même temps par une horde de journalistes invités. Mais les impressions les plus pertinentes viennent souvent des essais longue durée disponibles plus tard. Souvent pris par la vitesse des sorties, on essaie de compiler un avis pour coller à l’actualité, on prend (…)

  • The Feather - BB

    A partir de quand un side-project devient-il le groupe principal ? Sans trancher cette embarrassante et peu primordiale question, on peut constater qu’après trois albums, The Feather, prête-nom de Thomas Médard quand il n’officie pas chez Dan San, continue à tracer son sillon en donnant l’impression de savoir exactement où il va.
    Ce BB apparaît d’emblée plus solide que ses deux (…)

  • Half Asleep – The Minute Hours

    C’est un chant doux et du piano qu’on entend sur le beau Mater qui lance cet album. Puis les choeurs évoquent plus le classique contemporain. Ce premier brillant morceau fait plus que planter le décor, il anticipe la diversité de ce qu’on entendra sur le sixième album de la musicienne Belge Valérie Leclerc.
    Si les références littérales sont rares, on peut néanmoins la situer dans un (…)

  • Beirut - A Study of Losses

    On vous avait déjà parlé de musiques de films, de séries, de documentaires, de spectacles de danse, d’installations et même de restaurants, on inaugure la musique de cirque. Dans le genre, difficile de faire plus raccord que le premier album de Beirut avec ses cuivres balkaniques. Mais le temps a passé et Zach Condon a consacré énormément d’efforts à sortir ce cet étroit carcan musical. Et ce (…)

  • Bon Iver - Sable, Fable

    Au départ de ce cinquième album de Bon Iver (ça se prononce à la française, on le rappelle) était l’EP SABLE qu’on retrouve en intégralité à l’entame de ce Sable, Fable. Tant mieux tant Things Behind Things behind Things avait plu. Sans revenir à la simplicité folk de For Emma, Forever Ago, il est assez limpide et immédiatement attachant. La guitare acoustique est bien de sortie sur S P E Y S (…)

  • Stranded Horse – The Warmth You Deserve (with Boubacar Cissokho)

    Il y a des albums qu’on détaille, dont on analyse chaque parcelle. Et puis il y a ceux qui se conçoivent dans leur globalité tant leur style est transparent. Ce huitième album de Stranded Horse appartient à ces derniers tant il est cohérent de la première à la dernière note de kora.
    Si le style vous est familier, sachez que rien ne change vraiment ici, et c’est tant mieux tant cet univers (…)

  • The Imaginary Suitcase – A Chaotic Routine (EP)

    Oui, les choses changent, même pour les compagnons musicaux de longue date. Et même après une dizaine d’oeuvres relatées ici, on constate ce changement dès la pochette. On passera sur le changement de police de caractère pour se concentrer sur les visages, présents pour la première fois. Et puis constater que Laurent Leemans n’est plus seul à bord, même si les autres noms ne sont pas (…)