Accueil > Critiques > 2021

Ola Kvernberg - Steamdome II : The Hypogean

vendredi 11 juin 2021, par marc


S’il est plaisant de découvrir un artistes à ses débuts, de tracer son évolution, il peut aussi se révéler valorisant de le prendre en cours de route, avec une belle progression. On ne décèle pas tout de suite le potentiel de la chose mais il apparait bien vite que le potentiel du compositeur norvégien est indéniable.

Arpy commence de façon un peu douce, mélodique, simple. Mais imperceptiblement, quelque chose se passe, les lignes restent les mêmes mais la vibration qui la sous-tend se fait plus dense, avant que des breakbeats ne viennent secouer l’ensemble et nous emporter, faisant prendre à la mâchoire inférieure une inflexion intraitable. Il ne suffit évidemment pas de mêler des éléments de jazz, d’electro à une expérience de musique de films pour réussir ça.

Éclectique est clairement un euphémisme en la matière mais ce creuset ne semble jamais bordélique, l’agencement est pensé et maîtrisé. Les sons de synthé psychédéliques sur Devil Worms qui semblent sortir directement de Pink Floyd seventies, la rythmique fouillée appelant plutôt des rapprochements avec le kraut de l’époque. Cette rythmique nous permet aussi le grand méchant groove de Get Down, une fois que la première partie plus calme s’estompe.

Évidemment, il y a aussi de l’adrénaline pure sur Hypogean, grand morceau servi sur son lit de cordes psychédéliques. A propos de violon d’ailleurs (il est violoniste de formation), le son sur Carbonado est éminemment jazz. Mais cet instrument peut aussi servir pour ses seules intentions mélancoliques (Diamondiferous) mais on se doute qu’il n’en restera pas là, arrivant à ajouter une rythmique fouillée sans altérer l’intention de base. Les incrustations acoustiques (la guitare d’Untitled) sont aussi de très haut niveau. Bref, cet album nous a beaucoup plu par sa façon de distiller de l’euphorie et du savoir-faire sans en avoir l’air.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • La Démesure du Pas – Migratory Music

    Si le hasard ou l’habitude vous guident vers ces colonnes, c’est qu’une certaine curiosité musicale vous titille. Partant de ce postulat, on se permet souvent de plonger dans des pans plus aventureux de la musique, quitte à s’y perdre parfois. Cet album parait sur Ormo records qui nous avait déjà gratifié d’œuvres comme Alan Regardin ou No Tongues, défricheurs de possibles (ref belge) (…)

  • Bear of Bombay - PsychoDreamElectroGaze

    Lire une étiquette est une règle de bonne pratique avant d’ingurgiter quelque chose. Le nom de l’album du Milanais Lorenzo Parisini qui officie sous le nom de Bear of Bombay ne laisse planer que peu de doute quant à son contenu et on l’avale d’un coup d’un seul en parfaite connaissance de cause.
    PsychoDreamElectroGaze donc... Tout est là, avec une densité certaine de Tears From Space, qui (…)

  • Bruno Green - The Mellotone project vol.1 : Apostate

    Instrumentale d’obédience un peu électronique, la musique de Bruno Green a un certain pouvoir de séduction. Tout comme Frank Marchal dans un passé récent et un genre pas trop éloigné, le Français établi au Canada depuis 17 ans peut se targuer d’une expérience certaine. Citons par exemple l’enregistrement, le mixage et la réalisation des deuxième et troisième albums de Miossec, des albums de (…)

  • Franck Marchal - Maelström Metronomy

    Si les références historiques de la musique synthétique de Franck Marchal sont à aller chercher du côté de John Carpenter, on signale aussi les relectures modernes et enthousiasmantes de Magnetic Rust ou Odyssée.
    Les cordes ne sont pas l’ingrédient privilégie ici, mais le résultat n’est pas sans rappeler des choses comme Ô Lake. Son expérience en tant qu’auteur de musique de film n’est sans (…)

  • The Smile - Cutouts

    The Smile a décidé de se conformer à son propre agenda créatif et donner un successeur à Wall of Eyesmoins de neuf mois après sa sortie. Cette faconde nouvelle donne un nouveau regard sur le groupe. Au lieu d’une attente fiévreuse pendant de longues années pour un album poli et re-poli, on a accès à leur créativité de façon plus directe et on peut dire que c’est une bonne chose. Signalons tout (…)

  • Andrew Bird - Sunday Morning Put-On

    Comme la carrière de Rufus Wainwright est une lutte constante et perdue d’avance contre la frustration de le voir s’égarer dans des projets qui nous parlent moins, le parcours d’Andrew Bird alterne lui aussi entre des albums plus pop (toute proportions gardées) qui sont magnifiques et quelques tentations soit ambient ou jazz.
    Vous aurez compris que c’est de cette dernière inclination dont il (…)

  • The Cry – The Cry

    On le répète souvent parce qu’on est chaque fois surpris de l’omniprésence de la musicienne française Christine Ott. Et sa productivité est aussi surprenante. Ainsi, six mois après le second album de Snowdrops et l’ayant croisé récemment en solo ou avec Theodore Wild Ride, la voici dans un nouveau projet. Ce n’est jamais pareil, seule l’exigence et la qualité sont constantes. Aussi ce mélange (…)

  • Charlotte Greve - Sediments We Move

    La technique ne vaut que par ce qu’on en fait. Ce lieu commun prend tout son sens avec l’Allemande installée à New-York Charlotte Greve. Sa formation jazz est évidemment immédiatement identifiable mais la matière proposée ici en dévie sensiblement, ou plus précisément la pervertit avec une mine gourmande.
    Il faut dire que la matière première de cet album, ce sont les voix du chœur berlinois (…)