vendredi 18 février 2022, par
Comme Animal Collective, A Place To Bury Strangers nous indique que la musique est la rencontre de morceaux et d’un son. Ces morceaux pourraient être traités de façon binaire et être du punk ou du post-punk de consommation courante mais leur traitement en fait autre chose. Alors que toutes les musiques très typées ont tendance à uniformiser leurs représentants, ils ont toujours eu cette propension à se distinguer. Et on a suivi le cours de leur discographie depuis les débuts, même si on a distraitement passé notre tour pour leur précédente publication.
Les caractéristiques sont connues et maintenant éprouvées. Une rythmique hypnotique mais pas de voix sépulcrale ou de chant doom, pas besoin de ça ici pour impressionner l’auditeur. Techniquement, c’est du post-punk poussé dans ses derniers retranchements. Broken en est presque sautillant.
My Bloody Valentine a créé cette mode des sons déstructurés, démolis, comme enregistrés sur des bandes magnétiques passées au lave-linge. Mais ici, c’est plutôt au concasseur qu’elles ont été confiées. Mais même pour quelqu’un qui n’est jamais arrivé au bout de Loveless (voilà, c’est dit...), entendre ce procédé réactualisé est une satisfaction. Et puis il y a ces sons de guitare. A ce stade, on ne pouvait plus parler de distorsion. C’est tellement particulier que personne ne s’est risqué à les imiter et c’est suffisamment rare pour être signalé. N’oublions pas qu’une des occupations du leader Olivier Ackermann est de développer et produire des pédales de distorsion sous le nom évocateur de Death By Audio. Mais on sait depuis toujours que la formation est bien plus qu’un crash-test de matériel pointu. Impossible de se tromper donc en entendant les premières notes de So Low.
Il y a surtout de fameux morceaux, ce qui était un peu moins le cas dans un passé récent. On pense par exemple au gimmick entêtant de My Head Is Bleeding. On a son content d’adrénaline avec la déflagration impressionnante de So Low. Ce riff prend toute sa mesure dans ce contexte de chaos. Ils pratiquent aussi le flange à l’abrasion extrême de Ringing Bells. Anyone But You pourrait être un morceau pop dans des mains non trempées d’acide sonique quand Love Reaches Out et I Don’t Know How To Do It évoquent plutôt New Order joué à la perceuse. Let’s See Each Other est presque une respiration dans ce contexte tellurique.
Depuis les deux premiers albums, on a toujours eu tendance à déceler de l’assagissement chez la formation new-yorkaise. Si on se base sur des souvenirs presque lointains, la courbe semble s’inverser, les sons rudes qui font leur charme et nous ont tant impressionné quand ils ont déboulé de nulle part il y a quinze ans sont de retour et tant qu’à y aller fort, autant y aller trop fort. Certains groupes se sont établis en frontière, en limite du monde sonore connu et on voit mal qui pourra aller explorer au-delà d’A Place To Bury Strangers sans virer dans l’expérimentation non musicale et en gardant la ligne de morceaux emballants.
Comme c’est souvent le cas, découvrir un.e artiste implique de bien vite en découvrir d’autres projets. On vous parlait il y a peu d’Eilis Frawley et son atypique et attachant album et la voici en batteuse inspirée qui a une belle part dans la réussite de cet album. On entend clairement sa voix sur plusieurs morceaux Self Destruct mais elle n’est pas la seule à assurer le chant.
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