Accueil > Critiques > 2006

Final Fantasy : He Poos Clouds

lundi 28 août 2006, par marc


Parce que ça ressemblait dans l’économie de moyens à ce qu’on avait vu d’Owen Palett tout seul sur scène un jour de mai 2005 en première partie d’Arcade Fire (dont il est l’arrangeur et le violoniste, si ça c’est pas de la référence en acier trempé...), on a cru que le premier album de Final Fantasy (Has a Good Home, enregistré en quelques jours par son groupe à lui tout seul) représentait ce qu’il était et voulait.

Puis on écoute celui-ci et on se dit que non, ce n’était finalement qu’un galop d’essai. Car ce qui frappe d’emblée, c’est la densité et la complexité de ce deuxième album. Si le premier album montrait d’encourageantes dispositions, seul l’inusable (pas à force d’avoir essayé pourtant) Song of Win And Regine est repassé par les oreilles. Celui-ci par contre devrait repasser dans son intégralité.

Piano, violon, batterie et voix. Nooon, ne partez pas. On n’est pas dans la musique de chambre, c’est bien trop accrocheur pour ça. Et puis c’est chanté et l’énergie dégagée est importante si on exclut le plus reposé dernier morceau.

Les mélodies sont parfois aussi touffues que sur le premier album, mais la plage titulaire par exemple est d’un tout autre calibre. Les ruptures sont franches, tout est emporté sur le passage, la voix se fait tour à tour caressante et glavanisante.

Finalement, peu de choses dans la musique contemporaine ressemblent à ça (à ma connaissance du moins). Peut-être une madeleine de Proust à la Lovers des Lengendary Pink Dots. Mais ici c’est plus acoustique, et les résidus d’électronique années ’80 sont absents.

Certains morceaux réclament une certaine habitude de la musique hors des sentiers battus (Song Song Song et ses percussions) même si la mélodie ne part jamais en déliquescence. Et puis les riffs (ça se dit ?) de violons sont assez accessibles donc on n’en ressort pas éprouvés. Il y a en fait plusieurs morceaux dans ce titre à tiroirs.

L’apaisement peut venir d’un piano impeccable. C’est le parfait This Lamb Sells Condos. La musique est facile et c’est trop intense (et rapide, dans ce cas) pour être vraiment gentil. C’est ce qui sauve Final Fantasy du joli (c’est souvent trop complexe) ou du sirupeux dans lequel se vautre parfois Divine Comedy. Même les choeurs de la fin n’arrivent pas à ternir l’ensemble. On se doute que c’est Arcade fire qui crie sur le fond de Many Lives->49 Mp. L’intrusion de ces voix barbares en fond ne détonne pas dans cette musique à la lisière du classique, voire de la musique de film (If I were a carp). Et je n’arrive même pas à trouver ça prétentieux ou aride.

Au long de tout cet album sur lequel plane l’ombre tutélaire de Scott Walker, Owen Palett laisse éclater au grand jour son talent de compositeur et d’interprète. Décidément, Montréal n’a pas fini de nous abreuver de perles. (M.)

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Sunset Rubdown - Always Happy To Explode

    On a constaté récemment que le talent de Spencer Krug s’exprime le mieux dans deux pôles opposés. Le premier est plus sobre, en piano-voix souvent et dégage une émotion certaine. L’autre est plus épique et peut prendre des formes diverses, plus électriques et incandescentes avec Dan Boeckner au sein de Wolf Parade, plus synthétique quand Moonface rencontre les Finnois de Siinai. Ou alors plus (…)

  • Spencer Krug – 20202021 Solo Piano

    Il y a sans doute une schizophrénie musicale chez Spencer Krug, et sa créativité peut prendre tellement de formes qu’on n’est jamais à l’abri d’une surprise. Donc, pendant les sessions de répétition de Wolf Parade, il a en un jour réenregistré en version piano-voix ls morceaux de son album [Twenty Twenty Twenty One]->2609] qui venait de sortir. Cette sortie qui précède de peu le retour de (…)

  • Islands – What Occurs

    Kate Nash, Menomena, The Decemberists et maintenant Islands avant bientôt Bright Eyes, il faut se pincer pour ne pas se sentir quinze and en arrière. Mais bon, comme ce sont de bons souvenirs et que tout le monde est dans une forme créative manifeste, on ne va pas bouder son plaisir.
    Dans le cas du groupe Canadien, ce n’est pas exactement un retour vu qu’ils sont dans une période plutôt (…)

  • Boeckner – Boeckner !

    Les carrières de Spencer Krug et Dan Boeckner n’en finissent plus de se croiser. Ainsi, après Wolf Parade (leur groupe commun), Handsome Furs, Divine Fits et Operators, le voici qui utilise également son nom pour la suite de sa carrière (solo). On a beau retrouver un univers musical très familier, ceci n’est pas exactement identique à ce qu’on lui connait déjà.
    Il faut dire aussi que si (…)