jeudi 17 avril 2008, par
L’abondance de biens ne nuit pas
Le hobby de la critique musicale est un peu une application au quotidien du mythe de Sisyphe. Une fois qu’on pense avoir cerné ses goûts, qu’on pense que la liste des groupes qu’on aime bien n’est plus extensible à l’infini, une bande arrive de nulle part, alors qu’on n’en connaît que le nom et une reprise qu’ils avaient faite et qui passait parfois à la radio (enfin, KEXP quoi). Le sixième album de Cloud Cult n’est pas, s’il faut en croire les – autres – critiques, le meilleur. Je m’en contenterai pourtant comme je vais tenter de vous l’expliquer.
Aucun groupe n’aime ça, mais en tant que lecteur, vous voudrez sans doute savoir dans quelle catégorie classer Cloud Cult. Mais dès qu’on essaie de les mettre dans un tiroir, ils en sortent pour joyeusement en investir un autre. Bien que pratiquant parfois un songwriting classique qui fait son petit Eliott Smith (The Ghost Inside Our House) et utilisant souvent les violons, il faudrait être d’une mauvaise foi démesurée pour les cantonner dans le ghetto folk. C’est qu’un peu comme l’Islands du premier album, ils se posent comme un de ces groupes rares capables de combiner douceur pop et exigence. Les mélodies sont faciles et accrocheuses, on peut tomber dedans dès la première écoute.
Mais pour que la première écoute soit suivie par plein d’autres, il faut du talent et de l’intensité. Le premier se retrouve dans des moments de violon qu’on aurait fort bien imaginé chez Final Fantasy (When Water Comes To Life), la seconde par exemple sur Everybody Here Is A Cloud ou dans les quelques titres très forts comme The Story Of The Grandson of Jesus ou le très prenant et complet May Your Heart Stay Strong.
Dans la série « trouvons des ressemblances au chausse-pied », The Will Of A Volcano est le morceau que Venus aurait rêvé d’écrire. En tous cas, ça me touche plus que tout ce qu’a pu faire la bande à Huygens. C’est puissant donc on ferme les yeux sur le relatif côté pompier de la chose. C’est typiquement une circonstance où l’esprit critique est mis sous l’éteignoir du plaisir d’écoute. On peut aussi en tant que Belge trouver des traces de Zita Swoon au détour d’un Journey Of The Featherless. Pas de grand album sans de grandes chansons est un de nos slogans. Mais les moments plus essentiels sont entrecoupées de petites bizarreries (The Tornado Lessons) ou de courts interludes délirants (It’s What You Need) qui naviguent dans les mêmes eaux qu’Architecture In Helsinki ou les intermèdes de The Do. Et puis, vous en connaissez beaucoup, vous, des balades au vocoder ? Love You All était ma première en tous cas. C’est sans doute un moyen de désamorcer un excédent de sucre qui arrive quand des vrais chœurs prennent le relais.
Grâce à ce petit supplément d’énergie qui rend le tout agréable à écouter, qui préfère communiquer son enthousiasme même à travers un peu de mélancolie, Cloud Cult montre qu’on peut être délicat et fort sans être brouillon. A méditer à Braine l’Alloeud. C’est ce que j’adore, un album venu d’un peu nulle part et qui s’installe très haut dans mes préférences.
Pas encore convaincu ? Allez faire un tour sur notre Muxtape d’avril.
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