vendredi 20 décembre 2024, par
On a déjà avancé l’idée que The National serait le plus grand groupe de rock du monde. Ou alors pas loin. Mais sans doute par défaut. Il faut dire que leur succès est arrivé sur le tard et presque malgré eux. Ils peuvent se targuer d’une impressionnante discographie. Et puis il y a cette sensation que les albums s’enchainent sans que leur statut n’impose leur contenu. Ils arrivent à avoir des morceaux hymnesques mais des paroles intimes souvent étranges plus à leur place dans le landernau indie que disons, les insipides et unanimistes paroles d’un Coldplay. L’ambivalence et l’ambiguïté est au cœur de cette formation.
Donc, ce live enregistré au Parco Della Musica Ennio Morricone en juin 2024 est typique de The National, c’est une célébration qui les met en valeur et témoigne aussi du caractère incongru de leur succès. Le live est d’ailleurs un peu tombé en désuétude depuis que le DVD n’est plus un objet qui se vend. S’il avaient sorti un unique concert enregistré à Bruxelles (on en a parlé et mieux, on y était) à l’occasion d’un Record Store Day, il en existe plein pour ceux qui le veulent et qui font partie de leur Cherry Tree Club dont les membres peuvent acheter une très belle (et hors de prix) édition en triple vinyle vert-blanc-rouge de ce Rome.
Ils ont des morceaux emblématiques, certes, mais qui ne sont sans doute pas entrés dans la conscience collective. Ces morceaux sont là, ils ne font pas l’impasse sur Fake Empire, I Need My Girl ou Bloodbuzz Ohio. De même, les morceaux qui claquent le plus des derniers albums (Tropic Morning News, Eucalyptus, Smoke Detector) sont bien là. Mais on sent que le public connait leur discographie et ils peuvent tranquillement prendre les morceaux de traverse.
La setlist privilégie donc les morceaux les plus uptempo, les plus chargés de guitare. Pour le meilleur essentiellement mais on sent aussi le passage en force. Ce qui convient aux conditions d’un concert mais est moins subtil pour une écoute plus apaisée. Don’t Swallow The Cap reste donc épique tout comme Terrible Love mais New Order T-Shirt en devient moins intime, du coup. Ca tape dur sur le toujours étrange Murder Me Rachael issu du plus ancien Sad Songs for Dirty Lovers. Donc, si vous le pouvez, ça s’écoute plutôt fort...
Aaron Dessner est devenu un producteur réputé et aux succès remarquable, notamment auprès de Taylor Swift. Ce qui nous fait réaliser que ceci est l’exact opposé de l’Eras Tour. Au quintette de base viennent s’adjoindre Ben Lanz (LZNDRF) and Kyle Resnick et si c’est forcément moins précis, l’effet est plus humain encore. Parc qu’ils ont gardé cette patte, ces riffs toujours reconnaissables Et puis il y a cette section rythmique qu’on connait par cœur. Ce qui nous vaut le plaisir d’anticipation sur un Bloodbuzz Ohio par exemple
La voix reste un des aspects les plus importants. Le chant reste très reconnaissable mais s’échappe parfois, ce n’est pas une performance uniformément emballante de la part de Matt Berninger. Le public est par contre bien à son affaire, faisant du final Vanderlyle Crybaby Geeks un moment poignant. Mais vous savez déjà ça si vous avez déjà assisté à un concert de The National.
A l’image de leur réputation, c’est un live brut de décoffrage, un peu frustrant mais revigorant, qui confirme le statut hénaurme de The National tout en soulignant le côté improbable de leur succès. On s’est donc laissé emporter par ce Rome imparfait, peut-être même gràce à ça.
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