jeudi 14 janvier 2010, par
Lewis il est super fort.
Quand vous choisissez un nom trop courant pour désigner votre projet, le risque n’est pas nul de devoir vous adapter. C’est ce qui est arrivé à Owen Pallett qui a repris son vrai nom pour ne pas être confondu au Japon (où il compte être distribué) avec le célèbre jeu auquel il avait trouvé opportun d’emprunter son nom. Ce n’est pas grave, on savait qui se cachait sous Final Fantasy depuis le début. Enfin, depuis que je l’avais vu sur la scène du Cirque Royal. Comme déjà souvent évoqué, il s’agissait pour lui d’ouvrir le bal pour un concert mémorable d’Arcade Fire, qu’il a rejoint sur scène, lui qui avait participé aux arrangements.
C’est d’ailleurs en tant qu’arrangeur qu’il s’est particulièrement distingué depuis. Pour les deux albums d’Arcade Fire évidemment , Beirut aussi, mais aussi pour les somptueuses cordes des Last Shadow Puppets. Il peut aussi bien collaborer avec les Pet Shop Boys ou Mika. Polyvalent donc. Et aussi omnipotent, parce qu’on sent sur cet album comme sur ses autres une direction. Notons pour ceux qui aiment ces précisions que le batteur d’Arcade Fire Jeremy Gara est de la partie, ainsi qu’un orchestre symphonique tchèque (sisi). Ah oui, le thème est selon ses dires « un fermier nommé Lewis et le monde fictif de Spectrum. Les chansons sont une partie d’un dialogue entre Lewis et son créateur ». Voilà, c’est dit.
Le premier contact avec l’album est donc étrangement difficile. Alors que certains morceaux, vus exécutés en direct live (à Belfast, lire ici) donnaient une grosse envie de les retrouver gravés sur cd pour pouvoir en faire tranquillement le tour. Mais rien à faire, c’est un peu touffu, étouffant, même quand l’envie est là. La solution est simple : écouter, encore écouter, se laisser prendre par la main pour que cet album complexe mais fondamentalement brillant puisse infuser. Et là, je me souviens pourquoi, par exemple, l’album précédent avait été mon album de l’année 2006.
En concert, les gimmicks d’un The Great Elsewhere sont plus immédiats, moins noyés, et m’avaient plu dès la première écoute. Comme c’est plus alambiqué ici, il faudra plus de temps pour que cette étrange conjonction de rythmes, de violons en couches, de piano rythmique. Mais ce morceau se révèlera vraiment très grand, ample, et sans doute insensible à la lassitude. La porte d’entrée Midnight Directives n’étant pas la plus facile à cerner d’ailleurs. Parce que si en écoute distraite les composants peuvent paraitre hétérogènes, une écoute attentive en révèle tous les recoins secrets. Il faut dire aussi qu’il est un peu irrégulier, comme sur ses œuvres précédentes. C’est ce qui rend ses albums parfois plus difficiles. Malgré toutes ces considérations, certains morceaux m’ont semblé manquer de relief, comme Tryst With Mephistopheles. Sans doute une position en fin d’album riche est-elle aussi en cause.
Pour l’inratable décollage, allez voir du côté de Lewis Takes Off His shirt. Parce que l’entêtement clavier en boucle permet de créer la tension, laquelle sera exultée par les violons dans des bribes de phrase (ici, c’est le I’m Never Gonna Give It To You) jusqu’au point de rupture. Voilà, vous êtes rentrés dans cet Heartland par la grande porte. On retrouve là ce qui marchait chez This Is The Dream Of Win And Regine.
Contrairement à un Andrew Bird par exemple, Owen est plus un brillant arrangeur qui s’exprime par surgissements qu’un singer-songwriter classique. Ce qui fait que ses productions personnelles sont plus fouillées, moins lumineuses. Plus tordues aussi que les douceurs d’un Sufjan Stevens. Mais dans la dernière génération d’arrangeurs de talent qui font de leur ornement la substance de leurs compositions, Owen est un mètre-étalon inévitable. Il m’a fallu un certain temps pour me convaincre que ces chansons-là voulaient aller quelque part mais j’ai bien dû me rendre à l’évidence, Owen fait toujours partie de mes artistes préférés. Frottez-vous donc à ce brillant troisième album qui ne le réinvente pas mais qui le suit au plus profond de son talent.
http://finalfantasyeternal.com/
Il y a sans doute une schizophrénie musicale chez Spencer Krug, et sa créativité peut prendre tellement de formes qu’on n’est jamais à l’abri d’une surprise. Donc, pendant les sessions de répétition de Wolf Parade, il a en un jour réenregistré en version piano-voix ls morceaux de son album [Twenty Twenty Twenty One]->2609] qui venait de sortir. Cette sortie qui précède de peu le retour de (…)
Kate Nash, Menomena, The Decemberists et maintenant Islands avant bientôt Bright Eyes, il faut se pincer pour ne pas se sentir quinze and en arrière. Mais bon, comme ce sont de bons souvenirs et que tout le monde est dans une forme créative manifeste, on ne va pas bouder son plaisir.
Dans le cas du groupe Canadien, ce n’est pas exactement un retour vu qu’ils sont dans une période plutôt (…)
Les carrières de Spencer Krug et Dan Boeckner n’en finissent plus de se croiser. Ainsi, après Wolf Parade (leur groupe commun), Handsome Furs, Divine Fits et Operators, le voici qui utilise également son nom pour la suite de sa carrière (solo). On a beau retrouver un univers musical très familier, ceci n’est pas exactement identique à ce qu’on lui connait déjà.
Il faut dire aussi que si (…)
En caricaturant, on avait défini le style de Rural Alberta Advantage avec une voix éraillée et une batterie fièrement en avant. Et on a tout ça ici, d’emblée. On se retrouve d’autant plus en terrain connu que les 6 premiers morceaux sont ceux de The Rise EP paru l’an passé. Ce qu’on en a dit tient toujours bien évidemment.
Mais il y a encore quelques morceaux saignants comme Plague Dogs. (…)