lundi 2 mars 2015, par
En festival, quand une prestation se termine, on se déplace vite, le plan en main, ou on va dare-dare rejoindre des potes. Mais jamais on ne reste à applaudir le groupe qui remballe son matériel. C’est pourtant ce qui s’était passé lors du passage des Dodos au Pukkelpop en 2008. On était encore sous le charme de leur second album Visiterqui les avaient révélés.
Depuis, les albums des Dodos se sont succédé avec régularité et jamais ils n’ont renié leur style singulier. Ils avaient annoncé pour celui-ci un retour aux sources et ils n’avaient pas menti. Un arpège nerveux, une batterie qui martèle, on est tout de suite dans l’ambiance.
Comme c’est tout de même le cinquième de leurs albums qu’on commente, la surprise est évidemment éventée et on se surprend à jouer au jeu des sept erreurs. Precipitation repart en mode instrumental, une caractéristique qu’on avait déjà retrouvée sur Confidence sur le précédent Carrier. Pattern – shadow commence de façon plus ambitieuse, avec une guitare qui martèle et une autre plus libre, et une batterie stoïque alors que Darkness est plus doux.
C’est tout ? Oui, si vous aviez écouté et apprécié un de leurs albums auparavant, les retrouvailles seront gratifiantes. Si vous les découvrez, bienvenue au club des amateurs de ce groupe très attachant, personnel et régulier.
Etrange parcours que celui de Josh Tillman. Un temps batteur des excellents Fleet Foxes, sortant sous le nom de J. Tillman quelques albums guitare/voix d’une beauté parfois saisissante et puis décidant de changer de style en s’appelant Father John Misty. Son premier album sous ce nom avait plu, un peu déconcerté aussi. Son second suit la même voie, avec encore plus de soleil, comme pour mieux montrer qu’il a quitté la pluvieuse Seattle pour s’installer en Californie.
D’emblée, les violons d’I Love You, Honeybear frappent juste, et on sent que la finition est impeccable. En contrepoint, il y a toujours des propos d’une fine ironie en contrepoint. Ca, c’est l’effet voulu, et souvent réussi. Il n’est pas le seul à faire ça, on se souvient que John Grant présente aussi ces deux facettes juxtaposées. Seulement, je ne peux parler que de mon ressenti, et je sens cet album comme lisse, bien lisse, trop policé pour être honnête. On pourra dire que c’est parce qu’il s’apprécie mieux avec les orteils en éventail, il n’en reste pas moins que cet album se présente comme un défi permanent à l’attention et True Affection est tellement évanescent qu’il en est insipide.
On parle ici d’un choix d’artiste, pas d’un manque d’inspiration, et mon avis est largement minoritaire. D’ailleurs, il peut aussi se rappeler à notre bon souvenir avec un magnifique Bored In The USA où il se met plus à nu, laissant des rires pré-enregistrés souligner l’absurdité de certains aspects de l’American Dream.
Vous l’aurez compris, je ne suis pas complétement partisan de cet album très bien réalisé, parfait pour une écoute distraite qui ne rendrait pas compte de sa finesse d’écriture.
On était sans nouvelles du groupe new-yorkais depuis quelques années. La raison est un peu triste puisqu’il s’agit de la disparition de leur bassiste Gerard Smith en 2011. Il en est d’ailleurs question sur Happy Idiot (I’m gonna bang my head to the wall/’Till I feel like nothing at all/I’m a happy idiot/To keep my mind off you). D’ailleurs, il s’agit d’un des meilleurs morceaux de cet album.
Comme souvent chez eux, ils ont besoin de ce petit supplément de tension pour rallumer la flamme, pour rappeler à quel point ce groupe nous a donné d’excellents moments. Si parfois l’attention est mise à l’épreuve, il reste des moments précieux, qu’ils expriment en funk blanc statique et dense (Right Now) ou en misant sur la vitesse (Lazerray).
Le premier morceau comporte de nombreuses pistes de voix. En moins d’une seconde, un entrelacs est lancé d’emblée et puis une basse bourdonnante et puis la voix haut perchée de Turbe Abedimpe. La production reste toujours soignée par le guitariste David Sitek, lequel n’a plus comme avant une mainmise sur tout un pan du son rock mais garde la maitrise du groupe.
Ce n’est pas en français qu’ils s’expriment le mieux, mais Careful You arrive à exprimer sa tension rentrée avec ses accords mineurs appuyés comme il faut. Seeds est donc un bon album au total, moins clinquant peut-être et nécessitant comme toujours un petit round d’observation. Tv On The Radio reste une valeur sûre
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