lundi 17 juillet 2017, par
S’il est une chose qu’on ne pourra pas reprocher à Shearwater, c’est celle de ne pas occuper le terrain. Depuis leur album Jet Plane and Oxbow de l’an passé, on a en effet eu droit à deux sorties virtuelles d’anciens concerts et une reprise intégrale du Lodger de David Bowie. Et maintenant sort ce live qui témoigne de la pertinence de leurs prestations publiques. Espérons que cette politique soit payante et leur offre la visibilité qu’ils méritent.
Shearwater en concert, on peut dire qu’on sait ce que c’est. Pour les avoir vus neuf fois, c’est à conseiller sans réserve. Et puis alors que le point délicat des groupes est la tenue en live des voix (New Order sort d’ailleurs un live de ces jours-ci, on vous en reparle), on est ici au-delà de tout soupçon. Pour faire simple, Jonathan Meiburg (seul membre invariable d’un casting très évolutif), c’est la classe mondiale. Comme ce live n’est pas issu de la même captation, on peut mesurer l’amplitude des possibilités du garçon, ou alors vérifier sur A Long Time Away à quel point il peut assurer.
En effet, si la plupart des morceaux ont été enregistrés au toujours excellent Crocodile de Seattle (où est située leur maison de disques Sub Pop), on retrouve aussi quelques performances plus intimes. Ce qui nous vaut une version acoustique de Radio Silence qui met bien en évidence que la différence avec les albums précédents tient plus dans le traitement que la composition, comme en témoigne la belle remontée à la fin de Backchannels. D’autant plus qu’une très longue version live de Radio Silence est aussi proposée, renforçant cet aspect kraut qui détonne quand on pense aux débuts folk de la formation.
Cette délicatesse permet aussi de se rendre compte à quel point la production a pris de l’ampleur et cette intimité, il faut l’admettre, nous manque aussi. Fallait-il se passer de la délicatesse de cette version démo à un micro d’Only Child pour proposer le bombastique Pale Kings ?
Finalement, la dernière mouture du groupe (le line-up change beaucoup d’un album à l’autre) s’exprime aussi bien en live, comme toutes celles qui ont précédé du reste, mais l’intransigeance est plus manifeste encore sur scène maintenant. On retrouve donc ici les délires guitaristiques du très tendu Filaments et on constate aussi qu’en sus d’une grande voix, Jonathan a des capacités d’instrumentiste de premier plan. On ne se frotte pas à Bowie sans avoir un bagage suffisant. Ceci dit, ce n’est pas un morceau de Lodger qui figure ici mais Scary Monsters. Bauhaus (groupe qu’on a souvent rapproché du génie anglais) se voit aussi repris. Ces choix sont assez éclairants des aspirations actuelles de la formation.
Coté programmation, il y a peu de survivants des albums antérieurs à Jet Plane and Oxbow. On remarquera bien évidemment un You As You Were plutôt saignant et puis leur immortel Rooks qui pourra plaire en priorité à ceux qui ne connaissent pas le frisson infini de la version originale. Certes, remplacer la trompette originale par une guitare fonctionne mais cette combustion lente, cette formidable propension à entretenir la tension sans jamais la soulager par un climax est moins présente. Ils ne revisitent clairement pas le backcatalogue, n’attendez donc pas un best-of qui constituerait une bonne introduction à leur discographie. On ne va pas se mentir et faire semblant que leur discographie évolue dans le sens espéré mais on les suit tout de même. Au final, Shearwater se profile comme une des plus pertinentes formations rock actuelles. Rien que ça.
Difficile de revenir après plusieurs années d’absence, surtout si on était associé à un courant qui s’est un peu éteint. C’est en effet dans la vague freak-folk, mêlant écriture et musique aérienne et organique à la fois qu’on avait placé DM Stith. Avec son pote Sufjan Stevens ou autres Grizzly Bear, il était même un des plus éminents représentants de ce style qui nous a valu bien du plaisir.
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