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Séance de rattrapage #69 - Immigration Unit, Nicholas Merz, TH/S /S SH/T

mardi 21 août 2018, par marc


Immigration Unit - Sofa Heroes EP

De Lituanie, on connaissait Mmpsuf et Alina Orlova, l’Estonie nous avait gratifié d’Ewert and the Two Dragons. C’est maintenant de Lettonie que provient Immigration Unit. Pas à dire, les pays baltes recèlent des pépites. Deux morceaux aussi déclinés en remixes et une session live, cela suffit-il à définir un potentiel ? Même si on s’est habitués à ne pas s’emballer trop tôt, on peut dire que cet échantillon donne énormément envie d’en savoir plus.

D’emblée on retrouve une structure tendue, vraiment bien balancée. Wasting Mornings garde son flegme mais monte en densité de son, ce qui est le signe d’une maitrise déjà grande. Sans avoir l’air d’y toucher, on peut y voir une version lente du Foals première époque. Dans les références prestigieuses, Far Inside a des petits airs du Radiohead détendu.

Le ton des remixes est assez différent. Plutôt electro pour Sofa Heroes par Manuel Gagneux, il dévie assez vite vers des sons un peu plus âpres. De quoi attiser l’attente donc pour cette formation lettone. Trois titres nous ont convaincus d’un très grand potentiel et la dernière fois qu’on avait ressenti ça dans un genre connexe, c’était pour Low Vertical.

Nicholas Merz - The Limits of Men

En plus de vendre des guitares, Nicholas Merz est le leader du groupe Darto dont on vous avait déjà parlé mais c’est de son album solo dont on parle aujourd’hui.

Ce qu’on y entend rappellera bien des choses. D’emblée, The Death of Six by Seven pour ceux qui ont de la mémoire et un goût pour les morceaux linéaires mais d’autres noms plus ronflants viennent très vite à l’esprit. Le ton de la voix peut ainsi faire penser à Nick Cave, référence qu’on avait logiquement trouvée chez Darto. Il propose en effet une certaine relecture australienne de l’americana, ce qui peut paraître paradoxal pour un Seattleite.

Le résultat est aussi souvent proche de ce que fait un collaborateur ancien de Nick Cave quand il ne reprend pas du Serge Gainsbourg, Mick Harvey (surtout quand une voix féminine pas sans rappeler Alisson Mosshart de The Kills est en support). On pense à ces deux-là sur les meilleurs moments qui surviennent quand le violon apporte son renfort (Bulled Rose), rendant The Great American Tail lancinant, attachant et réminiscent des tellement sous-estimés Jake. De quoi faire resurgir tout un pan alternatif des années ’90 donc.

Assez intemporel, cet album s’apprécie surtout quand il sort de ses rails, quand on sent un peu d’action (magnifique The Empress of the Garden) ou de densité (Domestic Dispute). Pour le reste, il y a assez d’évocations de choses qui nous sont chères pour qu’on y soit revenus souvent.

TH/S /S SH/T - / (EP)

Le trio français TH/S /S SH/T cultive la haute énergie comme un genre à part entière. On songe dans le genre à Digitalism (surtout sur le premier morceau), ce qui nous ramène à quelques bons souvenirs, de l’époque où on sortait encore donc. Mais à l’autre bout, on retrouve des formations pratiquant une variante électronique et vitaminée du post-rock, notamment distribuées par Five Roses Press comme eux (Korto, Bruce Harper, Ed Wood Jr...)

Le résultat est assez percutant (Transition 1.1) avec un son de guitare distordu. Cet EP comprend aussi deux remixes de titres d’un album à paraître bientôt. Dont /// (Electer Remix) en transe robotique à la limite de l’electroclash avec un son énorme qui fait mouche et rappelle la jouissive bourrinade de Vitalic. Amphetamine est plus spectaculaire avec ses violons synthétiques pour un résultat est étrangement synthwave.

Fusionner les énergies electro et rock est une volonté aussi longue que la coexistence des deux genres. Le résultat est à la hauteur de cette vielle ambition en tous cas et on vous reparlera immanquablement de l’album à venir.

    Article Ecrit par marc

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