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The Mars Volta : Frances The Mute

lundi 21 août 2006, par marc


A Cette année, quand viendra l’heure du bilan, figurera une rubrique "Les critiques que je suis bien embêté de les faire". The Mars volta y figurera.

Un album de 5 titres pour 70 minutes, déjà, ce n’est pas courant. Le format étant impassable en radio, le premier morceau a été scindé pour rentrer dans le moule.

Dans le premier morceau (Cygnus...Vismund Cygnus) , les montées funkoïdes énervées peuvent ramener à l’époque Angel dust de Faith no more (y compris le côté kitsch). Mais voilà, après 4 minutes, le morceau change complètement, se transformant en improvisation guitaristique plus psychédélique. A un tel point qu’on se dit que le tout serait plus digeste si le nombre de morceaux était plus important. Et puis non, c’était juste un interlude, tout reprend comme au début.

The widow a un joli refrain qui nous ramène directement à la jolie époque où les groupes de hard faisaient des slows. Même si le traditionnel solo de guitare est appuyé par des cuivres. Mai bon, comme ces derniers temps on n’en a plus des masses entendu et que l’intensité dégagée par la voix du chanteur est assez communicative. Ca c’est pour la première partie. Pour la suite, on se croirait revenu encore plus loin en arrière, dans les délires de Syd Barret des Pink Floyd des sixties. Il va de soi que cette seconde partie désamorce toute vélléité kitsch. La question est : fallait-il joindre de force deux parties aussi hétéroclistes ?
Pink Foyd reste une référence fiable. Surtout pour le début de Miranda, that ghost just isn’t holy anymore. Puis de cuivres puis un chant plaintif et la voix si particulière du chanteur transforment le tout en une longe salsa électrique comme un Santana ayant joué de substances que la morale réprouve.

Je n’ai plus l’habitude du rock progressif. Même avec une dose de rage plus que de psychédélisme les guitares de L’via L’Vasquez sont quand même too much. Et quand la fureur éclate vraiment (Cassandra Gemini, mais qui supporte encore des morceaux de 31 minutes ?) on se surprend à évoquer Jeff Buckley, voire Led Zeppelin Est-ce cela qu’on appelait la fusion ?
Très grandiloquent mais ne tombant jamais dans les pièges du symphonique, cet album réjouira les curieux et déconcertera les autres. Mon avis personnel est que ça reste quand même trop kitsch pour emporter toute mon adhésion. Tant de virtuosité m’épuise et me donne un mal de tête tenace. L’écoute reste fastidieuse tout de même, le mélange rendant le tout un brin écoeurant et les morceaux sont souvent trop longs. (M.)

    Article Ecrit par marc

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2 Messages

  • The Mars Volta : Frances The Mute 4 janvier 2012 02:04, par jems

    Découvrant avec délectation toutes vos critiques et m’enrichissant la plupart du temps de ces opinions, je trouve celle-là particulièrement cruelle ! J’aurais aimé que l’on me décrive un peu ce que l’on peut comprendre par "kitsch" car si j’ai bien en tête une définition littéraire ramenée à la lecture de l’insoutenable légèreté de l’être de Kundera, il faudrait préciser ce que signifie ce kitsch en musique...

    Frances The Mute peut bien entendu être ramené à de nombreuses références et l’exercice de comparaison peut toujours trouver sa place. Seulement, il a bien fallu que la guitare soit conceptualisée puis utilisée et que ses possibilités s’exploitent pour qu’un multitude de créations émergent. Tout cela formant une chaine de cohérence : les exploitants débiteurs des utilisateurs premiers, seconds etc etc etc. La dette efface-t-elle le talent ? Cet album par sa multitude de références digérées est un bonheur pour ceux qui se targuent d’une opinion autant argumentée que la votre.

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    • The Mars Volta : Frances The Mute 4 janvier 2012 15:37, par Marc

      Tout d’abord, bonjour et bienvenue ici !

      Ensuite, cet article d’il y a 5 ans ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. L’emploi du mot ’kitsch’ n’est en effet pas des plus heureux dans cette acception-là, c’est à dire ampoulé et pompier. En fait, je me suis rendu compte lors d’un concert (aux Ardentes) que la musique de Mars Volta, ce n’était pas pour moi. Ca m’inspire du respect, et je préfère souvent un goût de trop à un goût de trop peu, mais là, c’est trop pour moi. Je constate que tu prends du plaisir à dérouler les couches de guitare, mais ça reste un peu opaque au béotien que je reste. Voilà, simple question de goût (lequel peut aussi évoluer en 5 ans) en fait, donc difficile d’appuyer par un argumentaire solide... Voilà, désolé, l’explication, ce ne sera donc pas pour cette fois-ci. Mais je ne me débinerai pas toujours, promis !

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