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Arid - All Things Come In Waves

mercredi 23 janvier 2008, par marc

C’est pas pour dire du mal mais c’est joli


Si je n’étais pas arrivé au bout, vous n’en auriez rien su. On n’a pas pour politique une des tartes à la crème habituelles à la « si ça ne te plait pas t’as qu’à pas en parler » mais il est aussi inutile de se ruiner la santé nerveuse sur des trucs qui ne pourront pas nous plaire (avis aux amateurs, je décline tous les Evanescence à venir). Le fait est que j’ai autrefois apprécié Arid. Ce n’est pas un outing, remis dans le contexte de l’époque, ce n’est même pas honteux. Reste qu’ils en sont restés un peu là comme nous allons le voir.

Il ne faut pas accréditer les remarques qui voudraient que cet Arid trône au sommet du rock belge. Il est sans doute très confortable pour les sections culturelles des journaux généralistes d’avoir une tête de gondole nationale (une autre pourrait être Hooverphonic) mais il faut remettre les choses dans leur contexte. Il s’agit d’un album mainstream, piège à personnes sensibles, mais rechignant aux alcools trop forts (The National, Iliketrains) ou trop fades (Keane qui est finalement dans la même catégorie). Il est toujours douteux de faire des hypothèses sur les auditeurs éventuels mais les responsables de maisons de disques ont ça en tête qu’on le veuille ou non.

Musicalement maintenant. Ca ne passe pas chez moi. Rien à faire. Le premier morceau m’avait mis en appétit. J’avais émis les mêmes types de réserves pour Band Of Horses ou Wilco, groupes d’une tout autre envergure. Rien ne m’a choqué, tout est d’un goût certain mais pouvoir passer en musique de fond sans faire monter l’adrénaline n’est pas une qualité que je recherche. Right This Time est un peu plus up-tempo et par ce fait on oublie quelque peu les violons synthétiques (je suis dans une cure de label constellation pour vous expliquer mes réticences) qui donnent un aspect policé pas du meilleur effet. On prend son mal en patience mais il y a toujours un détail qui vient gâcher la fête comme une batterie un peu toc (When It’s Over It’s Over) ou les sons de synthé qui introduisent If You Go. On ne peut pas utiliser ça en 2008 si on n’est pas passéiste.

Les mélodies sont souvent réussies sans être trop mièvres mais l’uniformité des mid-tempos et des ambiances rend pratiquement impossible la distinction des morceaux. Sauvons quand même des bribes comme If You Go qui semble porté par une vibration plus importante, Tied To The Hands plus tendu et, partant, plus réussi. C’est parce qu’il ne ressemble pas à une balade qu’il convainc. Mais une fois encore, oubliez ces sons de synthés qui alourdissent le propos. Vous n’avez pas besoin de ça les gars.

La comparaison de la voix de Jesper Steverlinck avec celle de Jeff Buckley tient du blasphème pour les amoureux transis de la star disparue, mais si on met les Buckley un peu en-deçà (pas ses intouchables moments de grâce), les meilleurs moments d’Arid peuvent rivaliser. A une grosse nuance près que constituent les quatorze ans de différence. Car c’est ça qui frappe le plus, c’est comme on a changé, comme la musique juste ‘bien faite’ nous en secoue une sans remuer l’autre. Dans un monde où ont surgi des groupes comme Stars, Arid est frappé d’immobilisme. Comparaison n’est pas raison certes mais s’il existe mieux dans le genre ou pas trop loin on doit le dire aussi. Ceci dit, la voix reste fort belle, c’est incontestable. De plus, elle n’a pas de ton geignard et s’inscrit parfaitement dans la musique qui la porte. Il n’en reste pas moins qu’on préférerait des versions acoustiques pour qu’elle soit mieux mise en évidence.

Il faut rester franc, il est extrêmement peu probable que je réécoute cet album. Maintenant que j’ai pu m’en faire un avis, il va se reposer bien sagement au fond de mon ipod pour n’en ressortir qu’à la faveur d’un shuffle général. C’est qu’il contient trop de sucre pour mes pauvres petites artères. Encore une fois, je vais tenter de m’en sortir en admettant que cet album ne m’est pas adressé. Il est trop sirupeux malgré ses évidentes bonnes intentions. Il est bon de temps en temps de faire un pas de côté hors de l’indie un peu répétitive qu’on s’inflige mais il faut aussi se rappeler pourquoi on aime ce qu’on aime et pourquoi ce type d’album ne provoquera jamais la moindre émotion chez nous.

    Article Ecrit par marc

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2 Messages

  • Arid - All Things Come In Waves 28 janvier 2008 19:20

    Fan du premier album d’arid, j’attendait avec impatience la sortie de ce nouvel opus.
    A la première écoute des singles "Words" et "Why do you run" sur le Site de Arid, j’étais vraiment conquis ! Des tubes en puissance vraiment à mont goût, riches et mélodieux.

    J’ai donc acheté l’album. Les premières écoutes m’ont laissé un rien sur ma faim par l’aspect un peu trop "lisse" et uniforme des morceaux. Je rejoins donc un peu cette critique formulée par Marc SAUF QUE...

    Je suis allé au concert de Arid à l’AB ce 27/01 et je dois dire que tant les mélodies des nouveaux morceaux (que je n’avais écouté qu’à quelques reprises) que la merveilleuse voix de Jasper ont fait mouche et m’ont vraiment transportés !

    Arid fait partie de ces groupes qui parviennent à transcender les morceaux sur scène en donnant un rien plus de punch sans sombrer dans le brouillon !

    Moi je dis Bravo ! A présent, j’écoute avec une autre oreille cet album et j’adore !

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    • Arid - All Things Come In Waves 29 janvier 2008 09:17, par Marc

      Merci d’avoir nuancé l’analyse.

      Il me semble d’ailleurs logique que ces compositions doivent gagner en puissance et intensité dans des conditions live (ou acoustiques)

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