Accueil > Critiques > 2009

DM Stith - Heavy Ghost

jeudi 18 juin 2009, par marc

Il vaut mieux avoir raison à plusieurs que tort tout seul


Alors donc le voilà, cet album devant lequel tout le monde s’incline. Comme Bon Iver l’an passé, je comptais encore repousser ma découverte de DM Stith, sachant qu’il rentrait tellement facilement dans ce que j’écoute qu’il n’y avait pas d’urgence. Et puis vous savez comment c’est, on est influençable et on se laisse gagner par l’enthousiasme communicatif de ses pairs. Alors, est-ce que j’ai aimé ça ? Oui, je dirais même comme prévu. Mais allez savoir pourquoi, j’ai mis du temps à pouvoir vraiment l’apprécier. Sans doute qu’il faut du temps pour se réapproprier cet album, pour le faire sien et plus une suggestion éclairée des autres, pour que ce soient vraiment les sensations musicales pures qui reprennent le dessus.

Surtout que dans un passé récent, Grizzly Bear a mis la barre assez haute dans ces chemins de traverse analogiques et que la claque de Veckatimest me cuit encore. Le second morceau d’ailleurs (Pity Dance), m’a fortement évoqué Grizzly Bear, voire Department Of Eagles. En moins tortueux, mais en tout aussi réussi. Mais à moment-là, le premier morceau aura fait le tri des auditeurs. Si vous trouvez que le folk se déprave de ces temps-ci, que le rock carré il n’y a rien de tel, il y a fort à parier que vous avez déjà pris vos jambes à votre cou. On va rester avec les autres si vous le voulez bien.

Et ceux-là auront droit à de bien belles choses, à la mélopée en apesanteur de Creeksong par exemple. On peut dire que souvent ce sont les ambiances qui sont privilégiées, pas les mélodies. Vous ne fredonnerez donc sans doute jamais du DM Stith sous la douche. Mais c’est très possible aussi vu que l’album se termine par des morceaux plus ‘orthodoxes’ comme un Braid Of Horses qui nous fait réaliser qu’il y a un vrai grand talent là-derrière. Et son final est grandiose. Ce ne sont pas de grandes orgues, une élégie en bonne et due forme mais quelque chose d’assez unique.

Dans les moments de grâce (il n’en manque pas), je mets Fire Of Birds parce qu’on pressent dès le début un enjeu, une véritable tension qui va grandissant, comme quant dans le vent du soir on sent poindre un ciel d’orage. Et il éclatera presque, le « We dance like we all on fire » m’étant resté collé dans l’oreille et pour longtemps.

Précieux, fragile même par moments, cet album est à même de séduire tous ceux qui ont déjà succombé à bien des choses comme ce qu’on a cité plus, en vrac, Finn, The Antlers, Ruby Suns ou autres Yeasayer (la liste est longue), enfin, tout ce qui sort des sentiers battus avec une voix de tête. Alors évidemment, il y a beaucoup de voix évanescentes et aigues (la sienne est très belle), de chœurs dans tous les sens, d’instruments hétéroclites, tout l’arsenal du parfait petit univers trop parfait. Et pourtant tout marche, tout fonctionne, chaque élément est à sa place, et la qualité d’ambiance ne se dément jamais, qu’elle donne l’impression de reposer sur de l’air, sur une couche d’évanescence (Pigs) ou au contraire sur un piano qui semble arcbouté contre les éléments d’un rêve (Morning Glory Cloud) à la suite d’un morceau qui n’avait déjà pas besoin de ça pour être bon. Et c’est parce que DM Stith ose aller dans ces zones incertaines et qu’il est grand.

L’ambiance générale est somptueuse, la sensation d’apesanteur vraiment rafraichissante, mais pour moi, il a manqué pour y accéder plus vite le morceau qui tue, celui qu’on use et pas les autres. Ne perdez pas patience, l’enchantement n’est pas arrivé immédiatement pour mais alors que je m’apprêtais à apporter une voix discordante avec un snobisme non feint au concert de louanges, il est arrivé pour mon plus grand bonheur.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

4 Messages

  • DM Stith - Heavy Ghost 18 juin 2009 17:21, par Paulo

    N’ayant pas une connaissance aussi large du le style, je rapproche ça à Patrick Watson. C’est joli, ça me laisse toutefois un peu catatonique.. C’est fin d’après midi aussi

    repondre message

    • DM Stith - Heavy Ghost 20 juin 2009 21:21, par Mmarsupilami

      Entièrement d’accord, il manque ce morceau fort qui nous clouerait plus vite au mur !

      Ce n’est pas rien comme éloge, j’ai subrepticement pensé à Robert Wyatt...

      Voir en ligne : Mma

      repondre message

      • DM Stith - Heavy Ghost 20 juin 2009 22:17, par Mehd10s

        "Morning Glory Cloud" ne vous suffit il pas ???

        En tout cas la capacité de se mec a emporter l’auditeur la ou il veut est indéniable, a voir :
        http://www.youtube.com/watch?v=dfzGvJ5JlxA

        repondre message

        • DM Stith - Heavy Ghost 22 juin 2009 13:06, par Marc

          Sisi, Morning Glory Cloud et Fire Of The Birds tiennent bien la corde. Mais ce n’est pas à album où il est facile de tirer un morceau. C’est plutôt un album cohérent à écouter de bout en bout. A chaque fois que je l’ai mis, il est passé en entier en tous cas.

          repondre message

  • Bright Eyes - Five Dices All Threes

    Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
    Cette envie se retrouve notamment dans la mélodie très dylanienne d’El Capitan. On peut retrouver quelques préoccupations du (…)

  • Fink – Beauty In Your Wake

    Un écueil fréquent auquel se frottent les artistes à forte personnalité est la répétition. Quand on a un son bien défini, un univers particulier, les variations sont parfois trop subtiles pour être remarquées ou remarquables. Si vous avez écouté deux albums de Stereolab vous savez de quoi on veut parler. Si on identifie un morceau de Fink assez vite, il y a malgré tout suffisamment d’amplitude (…)

  • My Name Is Nobody - Merci Cheval

    La veille musicale est un engagement à temps plein. Une fois qu’on a aimé un.e artiste, il semble logique de suivre sa carrière. Pourtant il y a trop souvent des discontinuités. Mais il y a aussi des possibilités de se rattraper. La présence de Vincent Dupas au sein de Binidu dont l’intrigant album nous avait enchantés en était une. On apprend donc qu’il y avait eu un album en mars et (…)

  • The Decemberists – As It Ever Was So It Will Be Again

    Il y a quelque chose de frappant à voir des formations planter de très bons albums des décennies après leur pic de popularité. Six ans après I’ll Be Your Girl, celui-ci n’élude aucune des composantes de The Decemberists alors que par le passé ils semblaient privilégier une de leurs inclinations par album.
    On commence par un côté pop immédiat au très haut contenu mélodique. On a ça sur le (…)