vendredi 1er novembre 2024, par
Le fond et la forme. La forme et le fond. Paroles et musique. La dualité est bien connue et on la retrouve ici, bien mise en avant sur ce premier album de Stéphane Loisel. Des mélanges sont encore à tenter et celui-ci a sa personnalité propre.
Sur la forme tout d’abord, on peut dire que c’est réussi puisque des versions instrumentales pourraient fonctionner. Italo-disco, electro, le synthétiseur Alpha Juno de 1986 et sa boîte à rythmes TR 707 ressorties à l’occasion du confinement développent un son un peu froid et martial parfois, pour une ambiance assez eighties synthétique. Et avec de chouettes gimmicks au passage, sur Les Eléments par exemple.
Pour ne pas être un project electro-cold de plus (ce qui serait déjà bien, on aime beaucoup), il y a des textes en français articulés par une voix est très sous-mixée. C’est un parti-pris intéressant. On n’est pas chez Zaho de Saghazan, on est dans de l’electro qui chante un peu. Et qui n’est pas trop à l’aise quand il faut vraiment chanter d’ailleurs. On pense un peu à Garzmême si le curseur est poussé plus loin vers l’electro.
Outre la musique déjà évoquée, c’est la complémentarité avec la teinte des textes qui plait. Le ton de Lotus Elan ou Je Suis Unique au Prisunic est très proche de la mélancolie narquoise d’INSTITUT et la transe musicale propose un intéressant contrepoint. On est dans de la nostalgie post-moderne, avec quelques angoisses climatiques (Paris Sous 50°, Il va Falloir Déménager) qui finalement cadrent bien avec le genre. Mais quand on va plus loin que le regard amusé sur l’époque, on frise la dystopie, qu’on aborde franchement avec La Réserve. Bref, ce court et percutant album est un exemple réussi de rétrofuturisme paradoxalement bien branché sur son époque, lucide mais pas désespéré, dans un écrin musical qui tend à claquer.
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