jeudi 19 août 2010, par
Collectionite
Une collection incomplète, c’est le cauchemar du collectionneur. Et après avoir critiqué ses huit albums précédents (ce que vous pouvez lire ici, ici, là, ou alors ici, mais encore là, voire même ici et quand vous aurez lu ici il vous restera ça et un petit concert ici, c’est cadeau), il semble naturel de proposer un article sur son dernier disque. Evidemment, vous savez qu’il est sorti en novembre 2009, ce qui peut vous interroger sur un délai aussi long. Je botterai en touche cette question si vous le voulez bien.
Comme du temps de Mustango, c’est outre-Atlantique qu’il est allé chercher du personnel et enregistrer cet album. Qui d’ailleurs part fort, avec une de ses meilleures chansons. Comme un incendie est de ces morceaux complètement opaques dans leur propos mais qui marquent par une mélodie imparable, de l’électricité utilisée à bon escient et un aplomb atterrant qui lui fait passer ce que peu d’autres tenteraient.
Une de nos hypothèses de travail, c’est que l’auditorat de cet album est au courant de la très étendue discographie de l’Auvergnat. Avec des ellipses peut-être, des manques sans doute, mais le jeu des ressemblances est inévitable. Qui nous amènera à constater par exemple que le riff de 16 Heures ressemble à celui de Jim, que M. Maudit est quand même assez proche du Peuple Maudit sur Taormina et nous fera trouver des auto-citations (viens mon vague à l’âme/Mon poisson-chat qui renvoie à Si Je Devais Manquer De Toi). On sent aussi qu’il se nourrit de ses changements et de ses évolutions. La mésange Bleue par exemple, semble tirée de son époque Lilith/Le Moujik Et Sa Femme.
Il est des artistes qui tombent en perte de vitesse quand le tempo se ralentit, qui ont besoin d’une certaine vitesse pour prendre l’air. Il va de soin que ce n’est pas le cas, ce que vient confirmer une Ginette Ramade au superbe spleen. Taïga fait aussi partie du haut de son panier, même si le chorus final sent un peu un rock ‘adulte’. Il ne faut pas perdre de vue qu’il est un (bon) guitariste et que ces passages instrumentaux doivent être plaisants à assurer. Peut-être que sans son ton personnel, ces démonstrations éculées de gratte ne passeraient pas. Ca aide d’être Jean-Louis Murat. Il n’y a que lui pour faire d’Il est 16 heures un gimmick acceptable. Et puis essayez d’appeler un morceau Comme Un Cow-Boy A L’Ame Fresh, comme ça pour voir. Evidemment, le résultat est incongru et pas très bon mais on n’a pas le cœur de lui en vouloir.
Mais ceux qui aiment ça pourront apprécier des surgissements du calibre de « Que fait cette tige d’or dans ton glacier ? » sur un morceau où le violon est superbement posé. Rayon satifactions, il a toujours su s’entourer de voix féminines de haute volée, de Jennifer Charles à Morgane Imbaud et Cherie Oakley qui appuie Lady Of Orcival est une des meilleures collaboratrices qui soient.
Dans les années de Murat, 2009 était donc un bon cru. Il avait un peu la robe d’années antérieures, vieillira sans doute bien pour la plupart même si certains passages garderont moins bien la cave. Certaines bonnes bouteilles iront pourtant rejoindre ses meilleures sur l’étagère des grandes occasions.
Jusqu’où s’arrêtera-t-il ? Practice makes perfect, tel est le dicton dans une langue non pratiquée par Nicolas Jules. Mais force est de constater qu’il le met en application avec un rythme de publication quasi annuel qui voit son œuvre se polir et se distinguer. Il se situe pour cet aspect-là dans le sillage du regretté Murat.
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