lundi 14 mai 2007, par
Ceci n’est pas un album pop
Avant de pousser plus loin l’analyse, je dois avouer que la pochette est assez réjouissante. Que ce soit le rouge du fond, la tenue de bouteille d’Orangina psychédélique sur grosses pattes bleues ou son air un peu en dehors des évènements, tout est assez réussi, déconcertant et me donne le sourire.
Vous n’avez pas pu y échapper, Björk est de retour. Et, chez elle, un retour passe comme un rouleau compresseur médiatique. Alors que sa musique est tout sauf variétoche, on ne voit qu’elle. Au lieu de rester cantonnée dans l’underground, où ses deux albums récents la réservaient, elle annonce à grand bruit son nouveau Volta. Il est vrai que ses deux dernières sorties, un Medulla entièrement fait à la bouche et labande-son du film de son artiste contemporain de mari Matthew Barney, étaient clairement plus difficiles d’accès, que, disons, ses trois premières réalisations. En sentant un plus évident potentiel populaire pour celui-ci, elle fanfaronne à un retour à la pop. A son échelle, c’est peut-être le cas. Nous allons voir que c’est moins flagrant à l’analyse.
Il faut bien le dire, c’est surtout un remix qui lui a conféré une certaine visibilité ces dernières années. Je ne me lasse pas de la performance de Vitalic qui a su faire de l’aride vocal Who Is It ? une tuerie de dancefloor. Pour ce nouvel album, elle se pose clairement sur deux tableaux. Tout d’abord avec deux morceaux catchy en diable et suffisamment décalés pour qu’on y reconnaisse sa patte. Il y a tout d’abord Earth Intruders, en collaboration avec Timbaland, qui est bien, sautillant et tout mais qui nous rappelle qu’il est loin le temps d’il y a quinze ans où elle était un peu seule dans son créneau. Depuis, des gens comme M.I.A. sont arrivés dans ce style. Mais ne boudons pas notre plaisir d’auditeur. D’autant moins que Declare Independance, probable second single, est bastonneur à souhait, distordu, nerveux, jouissif. Et en remontre à tous les djeuns qui veulent faire de l’électronique qui distord par où elle passe.
Le reste de l’album, est, il faut le dire, sera plus difficile d’accès pour ceux qui croiront l’Islandaise calmée. En tous cas, ceux qui sont juste curieux de voir où elle en est après des années et qui seront séduits par l’approche visuelle s’exposent à des moments difficiles. Il y a bien sûr une bonne part de musique inspirée et de vocaux toujours exceptionnels servis par sa voix unique. Mais malheureusement, le chant semble parfois être complètement en désaccord avec la musique. Cette impression que les mélodies de certains morceaux sont interchangeables est désagréable. Et le résultat sur certains morceaux (Vertebrae By Vertebrae, Pneumonia) est rien moins qu’irritant. Mais ce clash peut aussi fonctionner comme sur Hope. Tout est question de sensibilité, de point de vue, de l’endroit où on se fixe sa limite. Mais elle a toujours joué sur cette limite, cette ambigüité. Si ça marche c’est génial et ça fait gagner à ce qui ne marche pas ses galons d’artiste ‘difficile’. Entre les deux, on a cependant Wanderlust, qui est à la fois plaisant et pas trop prise de chou. Dans le même ordre d’idées, Innocence est plus hargneux et à ce titre meilleur. Mais encore une fois c’est une question de goûts personnels. J’en connais qui sont allergique au petit ludion des fjords et qui le resteront. Et puis, comme rarement à ce point, le plaisir varie très fort avec les conditions et l’humeur de l’écoute.
Mais reconnaissons ce talent à Björk : elle semble crédible quoi qu’elle fasse, c’est sa passion à se lancer dans toutes les aventures qui le lui permet. Aucune collaboration ne peut affaiblir son image. Certains esprits mal intentionnés sont même allés jusqu’à l’affubler du sobriquet de Madonna des branchés. Et c’est vrai qu’il y a des points communs. Un respect de la part de leurs milieux, le concept du un album/un look, le mari total respect, les collaborations prestigieuses (pour rehausser dans un cas, pour composer et produire entièrement dans l’autre). Mais il y a des différences aussi. Björk est une vocaliste hors pair, compose et écrit tout elle-même, elle est une artiste plus qu’une femme d’affaires au talent riquiqui et complètement surfait.
Sinon, pour ceux qui lisent systématiquement la liste des ingrédients des aliments qu’ils achètent, on signalera le batteur habitué de l’improvisation Chris Corsano, le batteur des terroristes sonores Lightning Bolt Brian Chippendale, le joueur chinois de pipa Min Xiao-Fen, et une section de cuivres islandaise. Le tout est sensé représenter une diversité à l’image de l’humanité. Mais je serais aussi tenté d’y voir un grand melting-pot où les ingrédients originaux sont passés au travers d’un mixer qui rend le tout plutôt indistinct. Ce n’est pas toujours indigeste certes mais il y a peut-être une abondance de biens qui nuit. Pour ce qui est des collaborations vocales, on retrouve avec plaisir Antony Hegarty (celui d’Antony And The Jonsons) sur deux titres. Signalons que leur point commun est d’avoir tous deux collaboré en leur temps avec le collectif Current 93. Le monde des expérimentateurs est petit dirait-on. La voix mélancolique du New-Yorkais est en tout cas tout à fait à sa place sur cet album et rehausse les deux titres auxquels il collabore (The Dull Flame Of Desire and My Juvenile).
Ne vous laissez donc pas tromper par les accrocheurs singles si vous n’êtes pas habitués aux albums de l’islandaise. Car si c’est indéniablement plus accessible que ses dernières sorties, ce n’est pas exactement pop. Il est loin le temps du joyeux éclectisme de Debut Tant mieux pour ceux qui veulent leur dose d’expérimentations. Le joli flacon coloré et le qualificatif de ‘pop’ ne doivent pas cacher cette vérité : la musique de Björk, c’est un alcool fort. A vous de voir où se situent vos attentes et de respecter la posologie.
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