lundi 12 juin 2017, par
Situer la musique d’Animal Youth ne sera pas extrêmement compliqué. Issue de la vague froide des années ’80 (Cocteau Twins, The Cure – la précédente mouture du groupe s’appelait Siamese Queens, une référence mal cachée sans doute), elle est surtout passée au même concasseur que My Bloody Valentine et surtout A Place To Bury Strangers. Sans pousser les curseurs aussi loin que les extrémistes (il est vrai un peu calmés) New-Yorkais, ils en reproduisent la sombre tension.
La voix est plus poussée en avant que chez ces glorieuses références, ce qui constitue déjà une différenciation. Lors de l’écoute, on se surprend à se souvenir de choses comme Das Llamas (j’ai bien droit à une référence bien obscure de temps en temps, non ?). On le voit, on s’éloigne sensiblement des relectures plus gentilles de ces années-là comme Interpolou Editors. Plus proche de Warsaw que de New Order pour reprendre une célèbre filiation mancunienne.
Gosse basse cold, guitares acérées plutôt qu’en brouillard ou vrillées au marteau-piqueur, voilà ce qu’on pourra y entendre en gros, avec de sérieuses nuances. On passera ainsi d’un bien rude To Burn à du plus hypnotique sur Sunday. Ce n’en est pas détendu pour autant, mais cette linéarité, ces arpèges cold apportent un peu de fraicheur à cet ensemble. Ils prennent même soin d’y ajouter une progression et un emballement. Et un Rainy Day a toute la lourdeur nécessaire pour que ça fonctionne.
On notera aussi la présence d’une version d’In Heaven, issue de la musique d’Eraserhead, le premier film de David Lynch (qui l’a écrite) et popularisée plus tard par les Pixies.
Le trio bruxellois pratique donc un post-punk sombre et abrasif. Vous l’aurez compris à la longue liste de références et de souvenirs, on est plutôt dans le cœur de cible.
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Et Squid balaie à lui seul une belle partie du spectre, allant même (…)
Cet imposant album d’un trio lillois nous semble familier sans que ce ne soit exactement identique à quoi que ce soit. Si on tente de retrouver son chemin, on est très vite tentés de s’y perdre pour mieux s’y fondre. Le chant très expressif dès Deer Flight, un peu comme si Patrick Wolf s’était mis au post-punk poisseux et éructait (aboyait même sur Revenge). On y secoue lentement la tête (…)