Accueil > Critiques > 2005

The Organ : Grab That Gun

lundi 21 août 2006, par marc


Voici venue la saison des rattrapages, celles où l’actualité la plus brûlante se fait en parallèle de ce qu’on a laissé passer pendant l’année.

Regardez bien votre calendrier. Nous avons passé l’an 2000 depuis quelques temps déjà mais à l’écoute de beaucoup de groupes de 2005, tout le monde ne vit pas dans le même espace-temps. Allez faire un tour dans les critiques et vous verrez ce que je veux dire. Dans les courants cold-new-wave prenait place une quantité non négligeable de voix féminines. Après Ladytron, voici une version moderne de ces donzelles gothiques (le groupe est composé de quatre filles de Vancouver). Et dans un genre aussi balisé que le nostalgique ultra référencé, j’accorde un satisfecit à The Organ. Moins éthérée que celle des liverpuldiens susmentionnés, cette pop prend son originalité dans ce qui en fait le nom, à savoir un orgue qui amène une personnalité certaine à ces compositions. Compositions qui prennent du coup, avec l’aide de la voix de la chanteuse (qui, osons le dire, évoque souvent celle de Debbie Harry de Blondie, quand les intonations semblent tirées, c’est plus surprenant, de Morrissey), un relief tout particulier agrémenté de guitares très ressemblantes à celles de The Cure au milieu de cette décennie 80 qui semble un puits sans fond d’inspiration en dépit d’une collection de clichés invraisemblable.

Reconnaissons néanmoins à The Organ un réel talent de compositions et une chaleur qui fait la différence face cruellement à The Departure et autres Editors.

Les guitares de Brother clinquent juste comme il faut et on peut tout au long de l’album leur trouver des qualités, bien que les sons employés ne sont pas originaux pour un sou par rapport au genre pratiqué. La mélancolie dégagée par Steven Smith est réjouissante (c’est l’effet que ça me fait à moi), pas élégiaque ni dépressive. Mais avouons que les morceaux se ressemblent plutôt. Peu de titres s’imposent vraiment comme supérieurs aux autres, même si Sudden death est un must. Le genre de comptine en boucle addictive.

Une bonne idée en fait ce sont ces chansons courtes qui rendent efficaces des idées qui auraient été diluées en voulant compter sur une certaine langueur. Tant de groupes tombent dans ce panneau que ça mérite d’être mentionné.

On doute cependant que beaucoup de groupes survivront à ce revival. Les seconds albums vont se révéler impitoyables. Profitez néanmoins de ce premier. (M.)

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Lescop - Rêve Parti

    Il y a des noms qui sont liés à une époque, qu’on oublie forcément un peu avant de les voir ressurgir de nulle part. Lescop fait partie de ceux-là, vous l’avez definé, petit.e.s futé.e.s que vous êtes. Les années ’80 sont une esthétique qui n’a plus déserté le paysage musical depuis plus de 20 ans. Mais si ce troisième album reste dans ce (micro)sillon, il le fait avec tant d’allant qu’on ne peut que céder. (...)

  • LSSNS - Transit

    I know it when I see It
    Cette phrase d’un juge de la cour suprême américaine quand on lui demandait ce qu’était la pornographie peut aussi s’appliquer à certains styles musicaux, aussi faciles à identifier que compliqués à décrire. Les années ’80, ce n’est pas qu’une lointaine décennie, c’est un parfum qu’on reconnait tout de suite chez ce trio finno-allemand.
    Et il convient bien à cette pop au synthé bien (...)

  • The Ultimate Dreamers - Echoing Reverie

    Le vintage années ’80 est un style qui se pratique depuis des dizaines d’années. S’il peut évidemment être pratiqué par des novices, on ne se lasse pas non plus de ceux qui ont vécu les évènements en direct. Outre les légendes Wire, il y en a d’autres qui ressurgissent du passé. Actif au milieu des années ’80, le quatuor belge est revenu aux affaires à la faveur du confinement qui les avait vus dépoussiérer (...)

  • AstraSonic - Society

    Les influences, on peut les aborder frontalement ou par la bande. Dans le cas du second album du groupe belge, si les marqueurs post-punk ou cold sont bien là, ils sont déjà très processés. On vous a déjà parlé de groupes comme Ultra Sunn (et on vous reparlera de The Ultimate Dreamers) plus frontalement cold wave ou gothique, on est plutôt ici dans un pop-rock mélancolique qui lorgne du côté d’un (...)