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Séance de rattrapage #121 - Carmen Sea, Chris Garneau, Chistine Ott

mercredi 13 décembre 2023, par marc


Carmen Sea – Sorry (EP)

Parmi les inspirations étranges, le quatuor parisien Carmen Sea en a une qui détonne. Cet EP est en effet basé sur un accident routier qu’ils ont subi un soir de retour de concert. Ils s’en sont sortis indemnes et avec une énergie qui les a poussés à relater tout ça sur cet EP. Enfin, quand on dit ‘relater’ tout est relatif parce que la musique est essentiellement instrumentale. Tendue aussi, avec quelques solides poussées dès Speed.

La plage titulaire détonne avec la présence d’une voix . Mais ils ne se départissent pas de leur puissance pour autant. Et même si on note un violon bien présent, ils laissent de la place pour des sons plus anxiogènes et distordus. Et ils terminent cet EP dans les canons d’un rock instrumental inspiré, poussant même sur le plus long Feel Alive du côté du post-rock. Mais vous savez qu’on est toujours friand du genre de temps à autres et cet EP nous a bien réjouis.

Chris Garneau – Out of Love (EP)

Ce site peut aussi servir de journal tant on y a consigné de souvenirs musicaux en 20 ans. On se souvenait donc avoir vu Chris Garneau il y a fort longtemps et malgré une compatibilité certaine avec des pans entiers de nos goûts, on n’y était jamais revenus. Une occasion nous est offerte et donc on la saisit.

Evidemment, avec le recul, on pense à des artistes arrivés après lui comme Perfume Genius, surtout dans les moments plus délicats. On reste dans de l’americana sensible donc, le genre qu’on écouterait des heures. Surtout que l’intensité est là sur First Man, on encore dans le bel apport de chœurs sur Millions. Crook est une très belle ballade, livrée en deux versions dont un radio edit (en admettant qu’une radio passe un morceau de 7 minutes et demie). Bref, que de bonnes choses écrites avec son boyfriend Marc Briz. On ne laissera plus passer 15 ans avant de le retrouver donc.

Christine Ott – Eclats (Piano Works)

Ce n’est pas parce que Christine Ott a une large reconnaissance en tant que spécialiste des Ondes Martenot, auprès d’artistes comme Tindersticks, Radiohead ou Yann Tiersen, qu’elle ne peut pas briller ailleurs. On connaissait aussi ses projets comme Theodore Wild Ride ou The Cry, elle revient en tant qu’artiste solo pour un album de piano pour le moins brillant.

Ce qu’on entend sur cet Eclats dépasse largement le cadre d’une musique pour playlist de dimanche après-midi, il y a trop d’intensité pour cela. Golden Valley par exemple peut véritablement nous emporter dans son tourbillon. Die Jagd Nach dem Glück est aussi un des seuls morceaux qu’on puisse isoler de cet album uniformément passionnant qui est une preuve supplémentaire de l’éclectisme et de l’excellence de Christine Ott.

    Article Ecrit par marc

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